Dans un article poignant publié par « Libération » le 26 avril 2024, Juliette Binoche offre un témoignage saisissant sur les épreuves qu’elle a endurées dans l’industrie cinématographique.

L’actrice dévoile avec une honnêteté brutale les violences sexistes et sexuelles qu’elle a subies, mettant en lumière une objectification constante et une obsession déplacée de la nudité par certains réalisateurs. Son récit est un cri de révolte contre une culture toxique qui cherche à réduire le talent à une simple image corporelle.

Au fil des ans, ces expériences ont forgé en elle un sentiment de rage et une volonté de briser le silence qui pèse lourdement sur les épaules des femmes dans le cinéma. Binoche ne se contente pas de partager ses propres souffrances ; elle nomme aussi ceux qui l’ont agressée, ajoutant une couche de gravité à son appel à l’action. Son récit commence avec des souvenirs troublants de ses débuts, où la nudité lui était imposée comme un prérequis humiliant pour des rôles potentiels.

Contribution particulière de Juliette Binoche à Metoo par ce récit où elle raconte s’être prêtée à cette sexualisation brutale et systématique de ses rôles, parce qu’elle voulait être de ce monde . Pas facile à dire et honnête, une vérité dérangeante. pic.twitter.com/eUeZGLqxrI

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— Thierry Lévêque (@Leveque9) April 27, 2024

L’actrice se rappelle des moments particulièrement douloureux lors de castings où la dénudation était exigée sans cesse. Elle parle ouvertement d’une audition sous le regard inquisiteur de Sébastien Japrisot, où la répétition de scènes en tenue légère lui a fait réaliser l’exploitation déguisée en direction artistique. L’incident la pousse à quitter le casting, un acte de rébellion contre la normalisation de l’abus.

Au-delà de la nudité forcée, Binoche expose des incidents plus sombres, comme son agression par Pascal Kané, décrivant avec précision le piège tendu sous couvert de discussions professionnelles. Elle élargit son témoignage en révélant des agressions subies par d’autres sur les plateaux, illustrant une culture de prédateurs souvent protégée par le silence collectif.

Son récit ne s’arrête pas aux agresseurs identifiés mais s’étend à la culture du cinéma qui, par ses non-dits et ses complaisances, permet à ces comportements de perdurer. L’actrice souligne le contraste douloureux entre la passion pour son métier et les humiliations subies, concluant sur une note amère-sweet : malgré les souffrances, elle ne peut renoncer à son amour pour le cinéma, tout en refusant d’oublier ou de pardonner les injustices.

Juliette Binoche, avec ce témoignage, ne cherche pas seulement à régler ses comptes ; elle aspire à éveiller les consciences et à inciter à un changement radical dans l’industrie. Sa voix s’élève, puissante et claire, contre l’acceptation tacite de la violence et pour une réforme nécessaire qui protège les prochaines générations d’actrices du poison de la complaisance.