Le RN retrouve la vice-présidence de l’Assemblée grâce aux voix des macronistes
La rentrée parlementaire a commencé sur fond de luttes d’influence. Alors que la composition du futur gouvernement reste encore floue, la bataille pour les postes à l’Assemblée nationale s’est jouée dès mercredi 1er octobre.
À l’issue du scrutin, le Rassemblement national a réussi à retrouver deux vice-présidences du Bureau, ravivant les tensions dans l’hémicycle. Au premier tour de scrutin, Sébastien Chenu (341 voix) et Hélène Laporte (340 voix) ont récupéré leurs vice-présidences, déjà occupées entre 2022 et 2024. Ces postes stratégiques permettent de diriger les débats depuis le perchoir et de renforcer la crédibilité institutionnelle d’un RN en quête de normalisation. Marine Le Pen a aussitôt salué sur X « une victoire pour nos onze millions d’électeurs », estimant qu’ils ont droit « au respect de leurs idées ».
Une redistribution des équilibres
Outre le RN, Clémence Guetté et Nadège Abomangoli (LFI) ont conservé leurs sièges, cette dernière devenant même première vice-présidente, avec 501 voix chacune. Christophe Blanchet (MoDem, 387 voix) et Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons, 385 voix) complètent le collège.
En revanche, les écologistes perdent leur représentation, tout comme la droite et Renaissance, qui a cédé sa vice-présidence au MoDem. Cette recomposition était souhaitée par Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée, qui plaidait pour une répartition proportionnelle au poids des groupes.
La gauche fulmine
L’élection du RN grâce à des votes venus du « bloc central » a déclenché la colère des socialistes et des écologistes. Mélanie Thomin (PS) a déploré que « des députés ayant participé au front républicain » aient pu favoriser le retour du RN au Bureau. Jérémie Iordanoff (Écologistes) a dénoncé un « accord extrêmement grave » entre Renaissance et l’extrême droite.
Stabilité pour les autres instances
Les trois questeures sortantes – Christine Pirès Beaune (PS), Michèle Tabarot (LR) et Brigitte Klinkert (Renaissance) – ont été reconduites sans difficulté. Les douze secrétaires doivent être élus jeudi, tout comme les présidences des commissions permanentes. La plus convoitée, la commission des Finances, revient traditionnellement à l’opposition : Éric Coquerel (LFI) espère être reconduit.
Une session à haut risque politique
Une fois ces postes pourvus, l’Assemblée reprendra ses travaux le 6 octobre. Le Premier ministre Sébastien Lecornu sera immédiatement confronté à une motion de censure déposée par LFI, et le Parti socialiste pourrait en déposer une autre selon l’issue de sa rencontre avec Matignon vendredi. Dans ce climat tendu, l’élection du RN au Bureau symbolise déjà la fragilité des équilibres parlementaires.