Dans une rentrée politique déjà sous tension, François Bayrou a choisi de frapper fort. Le Premier ministre a annoncé, le 25 août à Paris, qu’il engagerait la responsabilité de son gouvernement devant l’Assemblée nationale le 8 septembre prochain. Une décision risquée pour faire adopter son plan budgétaire 2026, immédiatement contestée par Marine Le Pen, qui appelle à une rupture totale avec l’exécutif.

Devant la presse, François Bayrou a défendu son projet budgétaire comme une étape nécessaire pour redresser les comptes publics. Plutôt que d’esquiver l’épreuve parlementaire, il a choisi de solliciter un vote de confiance, un geste présenté comme un acte de courage politique. Mais cette stratégie, qui devait montrer sa détermination, a aussitôt réveillé les divisions profondes de l’hémicycle.

Marine Le Pen contre-attaque

Quelques minutes après la conférence de presse, Marine Le Pen a publié un message virulent sur X. Elle accuse Bayrou de présenter des mesures “injustes et inefficaces”, refusées par des Français conscients de la gravité de la crise économique. Elle a aussi affirmé que son camp voterait contre la confiance, appelant à une dissolution pour “redonner la parole au peuple”. Pour la cheffe du Rassemblement National, l’heure est venue de faire du rejet de la politique gouvernementale un tremplin électoral.

Des soutiens de Bayrou pris de court

Selon Politico, la sortie de Marine Le Pen a surpris l’entourage du Premier ministre. Certains pensaient que la patronne du RN se contenterait de laisser le gouvernement “faire le sale boulot” sans s’y opposer frontalement. Mais les dernières semaines ont marqué un durcissement : plusieurs observateurs jugent que le RN s’est engagé dans une ligne de confrontation totale, qualifiée de “no pasaran” par un responsable de la majorité.

Une lettre restée sans réponse

Au-delà des déclarations publiques, Marine Le Pen avait adressé le 25 août une lettre au Premier ministre pour dénoncer le manque de concertation sur le budget. François Bayrou n’y aurait pas répondu, un silence interprété comme du mépris par les élus du RN. Pour l’un d’eux, “il ne nous a rien donné pour le sauver”. Cette absence de dialogue alimente le ressentiment et réduit toute possibilité de compromis.

Une majorité fragilisée

À quelques jours du vote, l’équation s’annonce périlleuse pour le maire de Pau. Ses propres soutiens reconnaissent qu’il n’existe guère de marges de manœuvre pour faire évoluer la position du RN vers une abstention. Si la confiance était refusée, ce serait une défaite politique cinglante et peut-être le début de la fin pour le chef du gouvernement. Dans ce bras de fer, la détermination de Marine Le Pen à pousser l’exécutif dans ses retranchements pourrait bien précipiter une crise majeure.