Affaire des assistants parlementaires : Le RN a commencé à rembourser les 3,5 millions d’euros au Parlement européen
Rattrapé par l’affaire des assistants parlementaires européens, le Rassemblement national se voit contraint de rembourser plusieurs millions d’euros. Ce coup dur financier, bien qu’anticipé, risque de fragiliser les ambitions présidentielles du parti pour 2027, à l’heure où Marine Le Pen et Jordan Bardella peinent à lever des fonds bancaires.
Après des années de procédure et une condamnation prononcée en mars 2025 par le tribunal judiciaire de Paris, le Rassemblement national a entamé le remboursement de 3,5 millions d’euros au Parlement européen. Ce montant correspond aux sommes indûment perçues entre 2009 et 2017 par plusieurs eurodéputés frontistes, accusés d’avoir employé leurs assistants non pas pour leurs missions européennes, mais pour des tâches strictement partisanes au bénéfice du RN.
Le jugement prévoit 3,24 millions d’euros au titre du préjudice économique, 200 000 euros pour le préjudice moral, ainsi que des intérêts légaux d’environ 8 %, alourdissant encore la facture.
Un premier versement pour éviter la saisie
Un premier versement d’1,5 million d’euros a été effectué par le parti dirigé par Jordan Bardella et Marine Le Pen, conformément à l’accord conclu avec le Parlement européen. Le second versement, prévu à l’automne, devrait achever l’exécution de la peine, mais non sans conséquences budgétaires immédiates.
Cette initiative vise aussi à éviter une saisie par huissier du siège du parti et à afficher une attitude de coopération envers la justice. « L’idée est de se mettre en règle avant le procès en appel », indique une source interne. En cas de relaxe, le Parlement sera tenu de rembourser les sommes versées.
Un coup dur pour la présidentielle de 2027
Cette obligation de remboursement arrive à un moment délicat pour le RN. Le financement de la future campagne présidentielle est désormais menacé, alors que le parti ambitionnait de couvrir lui-même une part significative des dépenses. « On visait un autofinancement de 5 à 6 millions d’euros », confie Kevin Pfeffer, trésorier du parti. Désormais, la direction va devoir se tourner vers les établissements bancaires, un exercice rendu difficile par la réputation sulfureuse du mouvement auprès des grandes banques françaises.
Bardella et Le Pen : deux figures pour une seule stratégie
Dans ce contexte tendu, la question du candidat pour 2027 reste officiellement ouverte. Jordan Bardella, président du RN, et Marine Le Pen, triple finaliste malheureuse de la présidentielle, apparaissent comme les deux options les plus probables. Mais les difficultés financières pourraient peser dans le choix stratégique du parti, qui devra aussi composer avec les règles de financement de la vie politique.
Selon Kevin Pfeffer, les soutiens sont là : « Les sondages sont équivalents pour l’un et pour l’autre, et les parrainages suivront quel que soit le nom retenu. » Mais encore faut-il que le parti parvienne à stabiliser ses comptes et à préparer une campagne à la hauteur des ambitions électorales affichées depuis 2022.
Un procès en appel très attendu
Le RN n’en a pas fini avec la justice. Le procès en appel prévu dans les prochains mois sera déterminant, tant pour l’image que pour les finances du parti. Une relaxe partielle ou totale pourrait permettre de récupérer une partie des sommes, mais d’ici là, la trésorerie devra s’adapter à ces sorties imprévues.
Pour l’heure, Marine Le Pen, qui dénonçait une « mise à mort financière », n’a pas saisi la cour pour suspendre le paiement. Une posture de responsabilité judiciaire, mais aussi un pari sur l’avenir, dans l’espoir que cette affaire ne devienne pas un fardeau trop lourd au moment d’entrer dans la course à l’Élysée.