Université d’été de LFI : un journaliste du Monde blacklisté par Jean-Luc Mélenchon et sa «meute»
Jamais encore un journaliste du Monde ne s’était vu interdire l’accès à un évènement politique. C’est pourtant ce qui s’est produit ce jeudi 21 août : Olivier Pérou, reporter et co-auteur de l’enquête La Meute sur La France insoumise, a été refoulé à l’entrée des Amfis, l’université d’été du mouvement mélenchoniste. Un geste qui soulève une vive polémique.
Olivier Pérou, accompagné de Charlotte Belaïch, a signé ce printemps La Meute, un livre-enquête qui décrit les abus de pouvoir et le fonctionnement quasi sectaire du parti de Jean-Luc Mélenchon. L’ouvrage compile de nombreux témoignages mettant en cause le fondateur de LFI, accusé de dérives autoritaires et de comportements violents. C’est cette publication qui vaudrait aujourd’hui au journaliste d’être interdit d’accès à l’événement.
La réaction indignée du Monde
Pour la rédaction du Monde, il s’agit d’une atteinte inacceptable à la liberté d’informer. « Nous élevons la plus vive protestation contre cette entrave caractérisée à la liberté de la presse », a réagi Jérôme Fenoglio, directeur du journal. Ce dernier rappelle qu’aucun parti, quelle que soit sa couleur politique, n’avait jusqu’ici imposé une telle mesure d’éviction. Il insiste : l’indépendance éditoriale passe par la liberté de choisir les journalistes envoyés sur le terrain.
LFI accusée de méthodes autoritaires
L’affaire a rapidement suscité des réactions au-delà du Monde. Edwy Plenel, ancien directeur de Mediapart, a dénoncé une dérive inquiétante. « Jusqu’ici, seule l’extrême droite interdisait les journalistes qui lui déplaisent. Que LFI fasse de même contredit sa prétention à démocratiser la République », a-t-il écrit sur le réseau X. Pour lui, cette exclusion illustre le cours autoritaire pris par le mouvement mélenchoniste.
Des relations tendues avec la presse
Les tensions entre Jean-Luc Mélenchon et les médias ne datent pas d’hier. En 2022, le leader insoumis avait été condamné pour injure publique et diffamation après avoir traité des journalistes de Radio France d’« abrutis ». Depuis, les critiques du parti contre les rédactions jugées hostiles se sont multipliées, accentuant un climat de confrontation avec la presse.
Une polémique qui entache les Amfis
En refusant l’accès à un journaliste d’un grand quotidien national, LFI a ouvert une nouvelle controverse en plein lancement de son université d’été. L’affaire met en lumière le paradoxe d’un parti qui se revendique proche du peuple et attaché à la transparence, tout en contrôlant l’accès des médias jugés trop critiques. Un geste qui pourrait bien, une fois encore, fragiliser son image démocratique.