« Une décote très importante »: Gabriel Attal détaille son idée de réforme des retraites sans âge légal mais avec durée de cotisation plus longue
Dans un contexte de défiance croissante autour du système des retraites, Gabriel Attal entend imposer sa vision réformatrice en rupture avec les ajustements successifs du passé. Son objectif : une refonte profonde, plus lisible, plus égalitaire et davantage adaptée aux générations futures.
Gabriel Attal ne mâche pas ses mots : les réformes successives des retraites n’ont pas tenu leurs promesses. Dans une interview accordée aux Échos, l’ancien Premier ministre a dénoncé l’accumulation de changements partiels et douloureux, qui ont tous échoué à garantir l’équilibre du système. Pour lui, « cinq réformes en trente ans » n’ont engendré que « douleurs » et « dégâts politiques », sans pour autant redresser durablement les finances du régime.
Un système trop complexe, devenu inefficace
L’architecture actuelle du système est qualifiée de « gruyère » par l’ancien chef du gouvernement. Multiplication des régimes spéciaux, exceptions en cascade, prise en compte de situations particulières : tout cela contribue selon lui à un système illisible, inéquitable et inefficace. Le résultat est sans appel : malgré une hausse de l’âge légal de deux ans, le départ moyen à la retraite ne serait repoussé que de six mois, du fait de ces dérogations nombreuses.
Une réforme pensée pour la jeune génération
Gabriel Attal propose un changement radical de paradigme, en s’adressant clairement aux moins de 45 ans. Il appelle à la création d’un système « universel » aux règles harmonisées, supprimant les régimes spéciaux au profit d’un socle commun. Il renoue ainsi avec l’esprit de la réforme par points envisagée sous Édouard Philippe, tout en insistant sur la nécessité d’un cadre simplifié et plus transparent.
Supprimer l’âge légal, maintenir la durée de cotisation
Le cœur de sa proposition repose sur la suppression de l’âge légal de départ à la retraite. Il s’agirait de permettre aux Français de choisir le moment de leur départ, tout en conditionnant le taux plein à une durée minimale de cotisation. En clair, partir avant ce seuil entraînerait une décote, qui serait d’autant plus sévère que le départ est précoce. Ce mécanisme serait plus souple, mais aussi plus dissuasif pour ceux qui envisageraient de quitter le marché du travail trop tôt.
Une durée de cotisation ajustable selon l’espérance de vie
Attal lie la durée de cotisation à l’évolution démographique. Si l’espérance de vie continue à progresser, il juge « évident » que la durée d’activité devra elle aussi s’allonger. Cette approche dynamique vise à assurer la pérennité du système sans imposer un âge fixe et rigide, souvent mal vécu par les actifs.
L’ouverture prudente vers la capitalisation
Gabriel Attal souhaite aussi diversifier les leviers de financement en misant sur la capitalisation. Il ne s’agit pas de basculer vers un système entièrement capitalisé, mais d’inciter davantage de Français à y recourir, notamment par des avantages fiscaux. Cette épargne-retraite viendrait en complément du régime par répartition, créant ainsi un deuxième pilier plus individuel et potentiellement plus rentable à long terme.
Une stratégie politique en vue de 2027
Derrière ces propositions se dessine une ambition présidentielle. En se positionnant sur un sujet aussi explosif que les retraites, Gabriel Attal veut se démarquer des réformes passées tout en incarnant une alternative de rupture pour 2027. Loin de la gestion technique, il adopte une posture offensive, axée sur la clarté, l’universalité et la responsabilisation individuelle.