Un jeune homme de 24 ans décède malgré plusieurs appels au Samu, sa famille va porter plainte
Un drame qui relance le débat sur les défaillances du système d’urgence. À 24 ans, Esteban Vermeersch, jeune artisan boulanger du Mans, est mort en janvier dernier après deux appels restés sans suite efficace au Samu. Sa famille accuse une erreur de régulation médicale et annonce une plainte pour homicide involontaire.
Le 28 janvier, peu après 22h30, Esteban appelle le Centre 15. Il décrit une gêne respiratoire intense et des douleurs thoraciques irradiantes. Mais le médecin régulateur conclut à un problème musculaire et conseille seulement des antalgiques. La nuit suivante, l’état du jeune homme se dégrade : vomissements, grande fatigue, incapacité à se lever.
Le lendemain à 14h30, sa mère et ses sœurs rappellent le Samu. Le même diagnostic est posé. On leur suggère d’aller aux urgences « pour être rassurées », mais aucun transport médicalisé n’est envoyé. Quelques heures plus tard, Esteban s’effondre dans les bras de sa mère. Malgré 50 minutes de massage cardiaque et un transfert à l’hôpital, il meurt le 30 janvier au matin.
La douleur et la culpabilité d’une famille
Depuis, sa mère Dorothée vit avec un sentiment de culpabilité. « On s’en veut de ne pas avoir insisté davantage. Pour que le Samu ne se déplace pas, c’est que je n’avais pas été assez claire », confie-t-elle, bouleversée. Ses deux filles de 20 ans partagent ce traumatisme, marqué par l’impuissance face à l’agonie de leur frère.
Une plainte pour homicide involontaire
L’avocat de la famille, Me Vincent Sehier, dénonce une double erreur de régulation. « Un jeune patient qui souffre de difficultés respiratoires et de douleurs thoraciques irradiantes doit faire l’objet d’un examen urgent. À défaut, il fallait au minimum un transport médicalisé », souligne-t-il. Après deux tentatives de règlement amiable restées sans réponse, il annonce le dépôt d’une plainte pour homicide involontaire cette semaine.
L’hôpital du Mans sous pression
Contacté, le centre hospitalier du Mans affirme ne pas avoir ignoré la famille. Une réunion de médiation aurait eu lieu en avril 2025 avec médecins et représentants d’usagers. Une demande d’indemnisation est en cours d’instruction auprès de la Commission de conciliation et d’indemnisation. L’établissement assure qu’une « analyse contradictoire » des circonstances du décès est en cours et se dit prêt à coopérer avec la justice.
Une affaire révélatrice d’un système à bout de souffle
Ce drame s’inscrit dans un contexte de tension chronique dans les services d’urgence, où le manque de personnel et la surcharge de travail compliquent la régulation. Pour Dorothée, la mère d’Esteban, la démarche judiciaire est avant tout une manière d’alerter : « On parle de vie. Ça ne devrait pas arriver. Je veux qu’on reconnaisse cette erreur, sinon nous n’avancerons jamais. »