Après la démission de François Bayrou, l’avenir de sa proposition controversée de supprimer deux jours fériés – le lundi de Pâques et le 8 mai – semble compromis. L’idée, censée économiser des milliards pour l’État, se heurte à une large opposition et pourrait disparaître des priorités du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu.

Dans son projet budgétaire, François Bayrou souhaitait retirer deux jours fériés afin de dégager plus de 4 milliards d’euros d’économies pour les finances publiques. Lundi de Pâques et 8 mai figuraient parmi les cibles, un choix perçu comme provocateur par nombre de Français. Un sondage Odoxa publié fin août montrait 84 % d’opposition à cette mesure, rassemblant contre elle aussi bien syndicats que patronat. Devant la colère grandissante, Bayrou avait commencé à nuancer son projet, affirmant début septembre qu’il était « prêt à examiner toute solution » alternative, mais sans renoncer aux économies attendues.

Un changement de cap sous Lecornu ?

La démission du Premier ministre, survenue mardi, laisse un vide sur cette question délicate. Son successeur, Sébastien Lecornu, nommé le soir même, n’a pour l’instant rien annoncé sur le sujet.

Dans ses premiers messages sur X, il s’est limité à des déclarations d’intention sur « le service des Français » et la « stabilité politique et institutionnelle », sans évoquer de mesures budgétaires précises. Rien ne dit qu’il prendra le risque de relancer un débat impopulaire au moment où son gouvernement doit gagner du soutien.

Des pressions politiques qui rendent la suppression improbable

Pour faire voter son budget ou au moins éviter une motion de censure, le nouveau gouvernement devra obtenir le soutien implicite du Parti socialiste. Des concessions aux socialistes, notamment sur la taxation des plus riches, semblent désormais plus probables qu’une suppression de jours fériés. Dans son propre camp, Renaissance, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a déjà appelé à un budget “juste, équitable”, suggérant clairement d’abandonner cette idée.

Un statu quo probable sur les jours fériés

Avec 11 jours fériés actuellement en France, un total aligné sur la moyenne européenne (11,7), la suppression proposée paraissait déjà difficile à justifier politiquement. Après le départ de Bayrou et au vu des tensions sociales, il est fort probable que le lundi de Pâques et le 8 mai resteront des jours chômés en 2026. L’exécutif devra trouver d’autres leviers d’économies pour boucler son budget, évitant un affrontement direct sur une mesure aussi impopulaire.