Saint-Etienne : Le projet d’attentat d’un masculiniste déjoué, l’homme de 18 ans écroué
Une intervention préventive menée dans la région de Saint-Étienne a permis de neutraliser un jeune homme de 18 ans, suspecté de vouloir commettre des actes violents. L’enquête en cours met en lumière un profil influencé par des discours hostiles circulant sur les réseaux sociaux.
Vendredi après-midi, les services de la Direction générale de la sécurité intérieure sont intervenus près d’un établissement scolaire de Saint-Étienne, où un jeune homme, porteur de deux couteaux dans son sac, a été interpellé. Âgé de 18 ans, il était inscrit dans ce lycée en classe préparatoire, et résidait également à l’internat. C’est sur la base d’informations jugées préoccupantes que les autorités ont agi avec célérité.
Une enquête menée sous l’égide du PNAT
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert une information judiciaire mardi. Le jeune homme a été mis en examen pour des faits liés à une entreprise à caractère violent visant des personnes, dans un cadre qualifié de concerté. Placé en détention provisoire, il sera entendu par la justice dans le cadre d’une procédure visant à déterminer ses intentions exactes et les éléments concrets qui ont motivé son passage à l’acte présumé.
Un profil influencé par une mouvance controversée
Selon plusieurs sources proches du dossier, le suspect se revendique du courant dit « incel » — contraction anglaise de involuntary celibate, ou « célibataire involontaire ». Ce mouvement, actif sur internet, regroupe des hommes exprimant un profond mal-être relationnel et des ressentiments envers les femmes. D’après les éléments rassemblés, le jeune homme aurait visionné plusieurs contenus à caractère masculiniste sur des plateformes comme TikTok.
Une influence numérique problématique
Apparu au tournant des années 2000 en Amérique du Nord, le mouvement incel est aujourd’hui scruté de près par les autorités en raison de son impact sur certains publics fragiles. Il est associé à des discours dégradants à l’égard des femmes, et des incidents isolés ont été revendiqués par des individus s’identifiant à cette mouvance. Le cas du jeune homme stéphanois constitue la première saisine du PNAT sur un individu se réclamant uniquement de ce courant, alors que d’autres affaires avaient évoqué ce profil de façon secondaire.
Une situation familiale et personnelle à éclaircir
Le jeune homme, prénommé Timothy G., est décrit comme discret, réservé, et aspirait à devenir ingénieur. Né en 2006, il réside dans la région stéphanoise avec sa famille. Lors de sa comparution devant le juge des libertés, il est apparu vêtu simplement, au visage juvénile, et a été placé en détention dans l’attente de l’instruction. Son avocate, Me Maria Snitsar, a tenu à rappeler la complexité du dossier, soulignant qu’il s’agissait avant tout d’un adolescent en souffrance, et non d’un individu déterminé à nuire. Elle a insisté sur la nécessité d’aborder les faits avec discernement.
Un phénomène social au cœur de l’actualité
Ce dossier relance la vigilance des autorités sur les contenus véhiculés en ligne auprès des jeunes. Des plateformes populaires peuvent diffuser des vidéos mettant en avant des discours de rejet ou de frustration, parfois sans filtre. Parmi les figures influentes dans cet univers numérique, certains créateurs de contenu polémiques, dont l’un suivi par des millions d’abonnés sur les réseaux, sont aujourd’hui critiqués pour leurs propos jugés inappropriés ou stigmatisants. Des documentaires récents, comme la série Adolescence diffusée ce printemps, mettent justement en lumière les risques d’exposition aux idéologies extrêmes sur internet.