Spectaculaire et parfois effrayant, l’orage peut se transformer en véritable piège pour les personnes allergiques. Depuis plusieurs années, les médecins observent un phénomène particulier : « l’asthme d’orage ». Rare mais redouté, il peut déclencher des crises collectives sévères. Les chercheurs tentent aujourd’hui de mieux en comprendre les mécanismes.

L’asthme d’orage survient principalement au printemps et en été, lorsque les concentrations de pollens sont élevées. Sous l’effet combiné de l’humidité, de la pression atmosphérique et de l’électricité, les grains de pollen éclatent en particules microscopiques. Invisibles à l’œil nu, elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires. Le vent violent qui précède souvent l’orage contribue à diffuser ces particules, exposant brutalement la population à une charge allergène massive.

Un risque qui ne concerne pas que les allergiques connus

Le phénomène touche en priorité les personnes sensibilisées aux pollens de graminées, mais il peut également déclencher des crises chez des individus jusque-là non diagnostiqués. Une réaction qui transforme une simple rhinite saisonnière en épisode d’asthme aigu, parfois sévère.

Des précédents marquants dans le monde

Si l’asthme d’orage reste rare, certains épisodes ont marqué les esprits. En novembre 2016, à Melbourne, plus de 8 500 personnes ont été hospitalisées en urgence après un violent orage, et plusieurs décès ont été recensés. En France aussi, des cas collectifs ont été rapportés, notamment en juin 2023 lors d’orages estivaux, rappelant la gravité de ces épisodes.

Un phénomène amplifié par le réchauffement climatique

Les chercheurs craignent une progression de ce risque. Le réchauffement climatique entraîne des saisons polliniques plus longues et plus intenses, tandis que la multiplication des orages violents crée des conditions idéales pour ces crises respiratoires. La combinaison pollution, chaleur et pollens agit comme un “cocktail” dangereux, augmentant la vulnérabilité des populations urbaines.

Quels gestes pour se protéger ?

Les personnes asthmatiques ou allergiques doivent redoubler de vigilance. Suivre les bulletins polliniques, limiter les sorties lors des orages et garder son inhalateur à portée de main figurent parmi les précautions essentielles. Certains pays envisagent même des systèmes d’alerte dédiés pour prévenir la population à risque.

Un enjeu de santé publique en devenir

Au-delà des recommandations individuelles, l’asthme d’orage rappelle le lien direct entre environnement et santé. La multiplication des phénomènes climatiques extrêmes interroge notre capacité à adapter les politiques de prévention. Ce qui apparaissait autrefois comme un incident ponctuel pourrait, dans un avenir proche, devenir un enjeu de santé publique à part entière.