« Nous allons examiner tous ces cas de près » : le décès de six candidats d’extrême droite enflamme l’Allemagne
En Allemagne, une étrange série de décès bouscule la campagne municipale en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Six candidats de l’AfD, formation d’extrême droite, sont morts ces dernières semaines. Si la police privilégie des causes naturelles ou accidentelles, le parti agite la thèse du complot, alimentant les réseaux sociaux et polarisant davantage le débat politique.
La disparition de six candidats en si peu de temps a frappé les esprits. Cinq seraient décédés de causes naturelles, le sixième se serait suicidé, selon la police. Plusieurs souffraient de maladies chroniques, notamment de problèmes rénaux. Mais pour Alice Weidel, codirigeante de l’AfD, « autant de morts, c’est impossible du point de vue statistique ! ». Son message, posté sur X, a été rapidement relayé par Elon Musk, déjà favorable à la formation.
Des démentis officiels mais des soupçons persistants
Les autorités rappellent que d’autres partis ont également perdu des candidats dans la même période. La direction électorale régionale cite six cas recensés dans des formations aussi diverses que les Verts, le Parti libéral ou les Électeurs libres. Le porte-parole insiste : de tels événements surviennent à chaque scrutin. Pourtant, une partie de l’opinion reste réceptive aux insinuations de l’AfD, attisée par un climat de défiance envers les médias traditionnels.
L’AfD souffle sur les braises
Même au sein du parti, certains entretiennent volontairement le doute. Kay Gottschalk, vice-président régional de l’AfD, affirme qu’il n’existe « aucun indice sérieux » mais promet tout de même de vérifier les circonstances. Une manière subtile de flatter l’électorat le plus méfiant, friand de récits complotistes. Le Frankfurter Allgemeine Zeitung dénonce une stratégie opportuniste, estimant que ces spéculations sont « une aubaine » pour l’extrême droite.
Un contexte électoral tendu
Ces polémiques surviennent alors que l’AfD connaît une progression fulgurante. Créditée de 26 % des intentions de vote au niveau national, elle est désormais la première force d’opposition au Bundestag. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où vivent 18 millions d’habitants, le parti espère confirmer sa percée dans des bastions ouvriers historiquement sociaux-démocrates, comme Duisburg ou Gelsenkirchen. Les sondages lui promettent jusqu’à 14 % des voix, un record dans l’ouest du pays.
Une dynamique nationale en jeu
Pour les analystes, l’AfD profite du désarroi économique lié à la désindustrialisation et se présente comme l’unique alternative aux partis traditionnels. Selon le politologue Lothar Probst, la formation « migre vers l’ouest », conquérant de nouveaux territoires électoraux. Ces municipales représentent ainsi un test crucial, non seulement pour le parti d’extrême droite, mais aussi pour le gouvernement conservateur de Friedrich Merz, fraîchement installé.