Un drame insupportable a secoué la commune alsacienne de Sausheim : un bébé de 16 mois a perdu la vie après avoir été oublié toute une journée dans une voiture. Cette tragédie relance le débat autour du « syndrome du bébé oublié », un phénomène peu connu mais aux conséquences dévastatrices.

Une tragédie en plein jour à Sausheim

Le 18 juin 2025, un père de famille oublie son fils de 16 mois sur le siège arrière de son véhicule stationné sur le parking de son entreprise. L’enfant devait être déposé à la crèche ce matin-là. Mais par une défaillance dramatique, il ne l’a jamais été. Ce n’est que dans l’après-midi, lorsque la mère est venue le chercher, qu’elle découvre l’horrible réalité : le petit n’a jamais été conduit à destination. Alertés, les secours n’ont pu que constater le décès du bébé. À l’intérieur du véhicule, la température avait grimpé à 47 °C, bien que la température extérieure ne dépassait pas les 22 °C. Le père, en état de sidération, a été hospitalisé, et une cellule psychologique a été immédiatement mise en place pour les deux parents.

Une répétition macabre d’un phénomène encore méconnu

Ce drame n’est pas un cas isolé. Début mai à Istres, un enfant de deux ans a également trouvé la mort dans des circonstances similaires. En 2022, un autre drame avait endeuillé Saint-Nazaire, coûtant la vie à un bébé de 14 mois. Ce phénomène porte un nom : le syndrome du bébé oublié. Rare mais tragique, il illustre une défaillance psychique profonde, souvent imperceptible jusqu’au moment fatal.

Le mécanisme neurologique derrière l’oubli

Contrairement à l’image de négligence que ces drames peuvent évoquer, la cause est souvent d’ordre neurologique. Selon le neuroscientifique David Diamond, ces oublis relèvent d’une défaillance de la mémoire prospective, celle qui permet d’anticiper et de se souvenir des tâches à venir. Fatigue chronique, stress, changement de routine ou automatisme quotidien peuvent brouiller les circuits de la mémoire, provoquant un passage en mode « pilote automatique ». C’est ainsi que l’action de déposer un enfant à la crèche peut s’effacer complètement de la conscience du parent, même attentif.

Des chiffres qui doivent alerter

Les données disponibles dressent un constat glaçant. Une étude de Safe Kids Worldwide de 2014 révèle que 25 % des parents d’enfants de moins de 3 ans ont déjà oublié leur enfant dans un véhicule. Pire encore, 14 % des parents admettent l’avoir laissé volontairement seul dans la voiture, pensant revenir rapidement. Et 11 % avouent un oubli pur et simple. Les pères sont davantage concernés par ces incidents : 23 % d’entre eux contre 8 % des mères, selon la même étude.

Une enquête judiciaire rigoureuse

Le parquet de Mulhouse a ouvert une enquête pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès. La procureure Edwige Roux-Morizot a confié l’affaire à la brigade de recherches de la gendarmerie. Une autopsie est prévue à Strasbourg. Les parents seront entendus par les enquêteurs dès que leur état le permettra. Il ne s’agit pas de désigner un coupable hâtivement, mais de comprendre un processus mental souvent insidieux.

Un combat pour la prévention et la vigilance collective

Au-delà de la tragédie individuelle, ce drame soulève des questions de santé publique. Peut-on prévenir ce type de catastrophe ? Des systèmes d’alarme intégrés aux sièges auto, des rappels électroniques, voire des applications mobiles ont déjà été développés pour éviter de tels oublis. Mais la clé réside aussi dans la sensibilisation : comprendre que cela peut arriver à n’importe qui. Aucun parent n’est à l’abri d’un moment d’oubli sous l’effet de la fatigue ou du stress.