Le départ forcé de François Bayrou, acté le 8 septembre à l’Assemblée nationale, ouvre un nouveau chapitre politique. Dans un contexte de défiance et d’instabilité chronique, un sondage Toluna-Harris Interactive place Jordan Bardella en tête des personnalités que les Français souhaiteraient voir à Matignon. Une première étape vers son « jour de gloire » ?

Selon l’enquête publiée le 9 septembre pour RTL, 43 % des Français aimeraient voir Jordan Bardella nommé Premier ministre. Le président du Rassemblement national devance Marine Le Pen et Bruno Retailleau, tous deux crédités de 36 %. Ce score confirme la montée en puissance du jeune leader d’extrême droite, devenu en quelques années une figure centrale du paysage politique.

Les autres prétendants loin derrière

En début de semaine, six noms circulaient déjà pour remplacer Bayrou. Mais les poids lourds du gouvernement actuels peinent à séduire. Sébastien Lecornu plafonne à 28 %, Gérald Darmanin à 32 %, tandis que Catherine Vautrin et Éric Lombard restent à la traîne. Hors de l’exécutif, Xavier Bertrand recueille 27 % et Jean-Yves Le Drian apparaît aussi parmi les favoris, sans dépasser la barre symbolique des 30 %.

L’ombre de Marine Le Pen

Si Bardella caracole en tête, il le doit aussi à l’héritage politique de Marine Le Pen, sa « marraine » au sein du RN. La présidente du groupe parlementaire demeure un recours pour une partie de l’opinion, mais son protégé incarne une nouvelle génération, plus jeune et plus directe. Ce transfert progressif de légitimité interne témoigne d’une stratégie d’installation durable du RN aux portes du pouvoir.

Un échange tendu avec Marc-Olivier Fogiel

Invité sur RTL ce mardi matin, Jordan Bardella a été confronté à Marc-Olivier Fogiel. Le journaliste l’a interrogé sur la destitution éventuelle d’Emmanuel Macron, réclamée par Jean-Luc Mélenchon et LFI. « Je pense qu’il faut que vous arrêtiez… d’avoir une lecture caricaturale des choses », a répliqué Bardella, visiblement agacé. Fogiel lui a rétorqué que la politique elle-même vivait une phase caricaturale.

Un tacle final qui marque les esprits

L’entretien s’est conclu sur une passe d’armes révélatrice du style Bardella. « Bah engagez-vous ! Peut-être que vous seriez élu et que vous porteriez la rupture que les Français attendent, monsieur Fogiel ! » a-t-il lancé au journaliste. Une formule percutante qui illustre sa capacité à retourner les critiques pour renforcer son image d’homme de rupture.

Vers une recomposition politique majeure ?

Avec 43 % de soutiens dans ce sondage, Jordan Bardella apparaît comme le grand bénéficiaire de la crise ouverte par la chute de Bayrou. Mais transformer cette popularité en accession réelle à Matignon dépendra d’Emmanuel Macron et des équilibres parlementaires. L’hypothèse, jadis inimaginable, semble désormais s’inscrire dans le champ des possibles, confirmant la recomposition profonde de la vie politique française.