15 49.0138 8.38624 1 1 10000 1 https://fr.housetherapie.com 300
Publicité:
Publicité:

« Il n’a plus jamais voulu me parler », l’interview scandale de Yannick Noah, premier coup d’éclat de Thierry Ardisson, décédé à 76 ans

Publicité:

Figure indissociable du paysage audiovisuel français, Thierry Ardisson s’est éteint le 14 juillet 2025 à l’âge de 76 ans. Créateur d’émissions cultes et maître de l’interview iconoclaste, il laisse derrière lui une carrière jalonnée de coups d’éclat, de provocations assumées… et de quelques inimitiés durables, comme celle qui l’a longtemps opposé à Yannick Noah.

Avant d’imposer son style unique à la télévision, Thierry Ardisson a d’abord brillé dans la presse. Publicitaire de formation, il signe au début des années 80 pour Rock&Folk, où il participe à une rubrique d’interviews pas comme les autres : Descente de police. Le principe ? Transformer une simple entrevue en interrogatoire scénarisé, en réécrivant les questions après coup. C’est dans ce cadre qu’il rencontre un jeune tennisman encore peu connu du grand public : Yannick Noah.

L’échange se déroule à Paris, dans l’appartement du futur vainqueur de Roland-Garros. Et rapidement, le ton dérape. On y parle haschich, dopage, Björn Borg, Victor Pecci… Le choc est immédiat. « Le haschich, j’aime vachement », est l’une des phrases choc attribuées à Noah dans l’article. Ces propos, qualifiés de « déformés » par le principal intéressé, déclenchent un tollé dans le monde du sport.

Une polémique fondatrice

Publicité:

Pour Ardisson, encore inconnu à l’époque, l’interview a l’effet d’un tremblement de terre. Il se retrouve convoqué au journal télévisé de 13h pour s’expliquer — son premier passage à la télévision, prélude à une carrière de provocateur cathodique. Cette séquence controversée devient presque une matrice de son style : frontal, dérangeant, anticonformiste. Elle installe d’emblée les fondations d’un journalisme à contre-courant, qui fera sa marque dans Lunettes noires pour nuits blanches, Tout le monde en parle ou Salut les Terriens.

Mais cet épisode laisse aussi des séquelles humaines. Yannick Noah ne digère pas. Il coupe tout contact, et malgré les années qui passent, refuse obstinément d’apparaître dans les émissions d’Ardisson.

Une rancune jamais apaisée

Dans une interview accordée à L’Équipe en 2021, Thierry Ardisson revient sans détour sur cette brouille. Il assure ne jamais avoir piégé Noah : « On avait bu du jus d’orange, pas de l’alcool ! » Il reconnaît néanmoins avoir utilisé les codes d’un journalisme de rupture, à mille lieues des formats aseptisés. Mais ce qu’il regrette surtout, c’est l’amertume durable de Yannick Noah.

Publicité:

« Il est rancunier comme un baobab ! », lâche-t-il, mi-ironique, mi-amer. Ardisson évoque une rencontre avortée lors d’une soirée mondaine, où Noah lui aurait promis de venir dans son émission… sans jamais honorer cette parole. « Il est du genre à aller chez Drucker ou Delahousse, plutôt que de se faire emmerder chez Ardisson ! », conclut-il avec la verve mordante qui le caractérisait.

Un style qui dérangeait autant qu’il fascinait

Ce premier accrochage avec une célébrité française allait en annoncer bien d’autres. Ardisson n’a jamais cherché à caresser ses invités dans le sens du poil. Au contraire : il a fait de l’inconfort et du malaise un moteur de ses interviews. Là où certains voyaient de l’impertinence, d’autres ne voyaient que de la cruauté. Mais ce style déroutant, souvent imité, jamais égalé, a contribué à faire évoluer la télévision française, en brisant ses codes les plus rigides.

Un héritage teinté d’ombres et de lumières

Publicité:

La relation tumultueuse entre Ardisson et Noah raconte, à sa manière, l’essence même du personnage. Un homme clivant, exigeant, parfois brutal, mais passionnément engagé dans son métier. Son parcours, de publicitaire à figure iconique de la télé, est fait de paris risqués, de provocations brillantes et d’un goût certain pour le chaos maîtrisé.

Thierry Ardisson est mort, mais son empreinte sur les écrans reste intacte. Avec ses phrases chocs, ses silences pesants, ses interviews scénarisées comme des scènes de théâtre, il aura inventé une télévision à son image : noire, brillante, parfois dérangeante, toujours captivante.

Publicité:

Merci pour le partage!