Gaston Ardisson : son geste de provocation devant le cercueil de son père Thierry Ardisson
Lorsqu’une icône médiatique s’éteint, c’est tout un pan de la mémoire télévisuelle qui vacille. La disparition de Thierry Ardisson a suscité une vive émotion, renforcée par un hommage public poignant.
Mais c’est son fils, Gaston, qui, par son attitude et ses mots, a retenu l’attention, entre respect filial et provocation assumée. Le 14 juillet 2025, Thierry Ardisson a tiré sa révérence, emporté à l’âge de 76 ans par un cancer du foie. Trois jours plus tard, une cérémonie d’adieu émouvante s’est tenue à l’église Saint-Roch, à Paris. Ce lieu symbolique, parfois surnommé “l’église des artistes”, a vu défiler une foule de personnalités venues saluer une dernière fois celui que l’on surnommait “l’homme en noir”. Brigitte Macron, Michel Drucker, Léa Salamé, Arthur ou encore Laurent Baffie : tous étaient présents, dans une atmosphère mêlant solennité, émotion et souvenirs télévisuels.
L’hommage a été à la hauteur du personnage : singulier, médiatique, marquant. On y a célébré l’homme provocateur, le pionnier des entretiens nocturnes, le producteur inlassable et le commentateur acerbe. Mais au-delà de l’icône, c’est le père que certains pleuraient. Et c’est son fils, Gaston, qui a cristallisé ce deuil à sa manière.
Gaston Ardisson, entre mimétisme et irrévérence
Il a suffi de quelques gestes pour que Gaston Ardisson attire tous les regards. Sa présence aux obsèques de son père n’est pas passée inaperçue, tant sa ressemblance physique avec le défunt animateur frappe immédiatement. Même démarche, même nonchalance étudiée, même goût pour la transgression tranquille. Un simple regard sur son allure suffisait à rappeler son père, jusque dans les postures.
Mais c’est surtout sa prise de parole incisive et son geste final qui ont marqué les esprits. En s’adressant directement à son père décédé avec la formule percutante : « Tu as tout affronté, du cancer à Bolloré ! », Gaston a injecté à la cérémonie une énergie caustique typiquement ardissonienne. Et lorsque le cercueil s’est éloigné, c’est une cigarette qu’il a allumée, en silence, face au public et aux caméras. Un ultime clin d’œil, qui n’a pas manqué de faire polémique sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux entre indignation et défense
Sur X, ex-Twitter, les critiques ne se sont pas fait attendre. Certains internautes, manifestement choqués, ont fustigé ce geste qu’ils ont jugé déplacé, irréfléchi ou même irrespectueux. « Il n’a pas compris comment son père est mort », s’est exclamé un utilisateur. « Continue à fumer et tu finiras à côté du paternel assez rapidement », a renchéri un autre, dans une escalade de commentaires désobligeants. Ce déferlement a suscité l’ire d’autres internautes, venus défendre Gaston et rappeler le contexte intime et symbolique de ce moment.
Fumer une cigarette pour accompagner un père qui en a grillé tant à l’antenne, était-ce une provocation ou une élégance triste ? À chacun sa lecture. Mais il est certain que ce geste, aussi anodin qu’il puisse paraître, a prolongé — ne serait-ce qu’un instant — la silhouette de Thierry Ardisson dans l’imaginaire collectif.
Un père exigeant, un souvenir nuancé
Avant même les obsèques, Gaston Ardisson avait accepté de se confier dans le documentaire “La face cachée de l’homme en noir”, réalisé par Audrey Crespo-Mara pour TF1. Installé à Londres durant son adolescence, il a partagé des souvenirs empreints de lucidité sur une relation paternelle marquée par les paradoxes. « Très déconnade, très sévère », résume-t-il en quelques mots. L’animateur de “Tout le monde en parle” était aussi, à la maison, le même qu’à l’écran : charismatique, mais parfois pesant.
« Il veut toujours être le centre de l’attention », confie Gaston avec franchise, avant d’ajouter avec un humour grinçant hérité de son père : « Vu qu’il pouvait être un peu chiant, je ne pense pas que j’aurais été très content de voir mon père tous les jours. » Une déclaration à la fois touchante et désarmante, qui reflète la complexité de leur lien, fait d’admiration et de distance, de respect et de résistance.
Une transmission en clair-obscur
L’ombre de Thierry Ardisson plane encore sur le paysage audiovisuel, et son fils semble en hériter plus qu’il ne le prétend. Par sa posture, son ton, sa manière d’occuper l’espace public, Gaston prolonge, à sa façon, un certain esprit “Ardisson”. Mais cette filiation se nourrit autant de confrontation que d’héritage. Il ne s’agit pas d’imiter, mais d’assumer, même dans la contradiction.