La démission de François Bayrou, après seulement 270 jours à Matignon, confirme l’instabilité chronique qui fragilise le second quinquennat d’Emmanuel Macron. Six Premiers ministres en sept ans : une valse à un rythme inédit sous la Ve République, révélatrice d’un système politique essoufflé et d’une confiance citoyenne en berne.

En choisissant François Bayrou après la chute de Michel Barnier, Emmanuel Macron pensait miser sur un centriste aguerri capable de bâtir des compromis. Mais dès son investiture, le maire de Pau s’est heurté à un Parlement fragmenté et à des forces d’opposition irréconciliables. Le vote de confiance demandé à l’Assemblée nationale a finalement précipité sa chute, confirmant l’incapacité du gouvernement à réunir une majorité stable.

Une instabilité politique qui s’installe

François Bayrou n’est pas un cas isolé. Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, les gouvernements se succèdent à un rythme effréné. Michel Barnier, son prédécesseur, n’avait tenu que 90 jours, un record de brièveté. En comparaison, Bayrou a résisté trois fois plus longtemps, mais bien moins que ses prédécesseurs de la première moitié du quinquennat.

Le contraste avec les Premiers ministres historiques

La durée de ces mandats récents souligne le fossé avec une époque révolue. Georges Pompidou, Premier ministre de 1962 à 1968, avait tenu 2 279 jours, soit près de six années. Cette stabilité est aujourd’hui impensable dans un paysage politique éclaté, où les alliances de circonstance remplacent la confiance populaire. L’usure du pouvoir, accentuée par la défiance généralisée, rend chaque nomination plus fragile que la précédente.

Six Premiers ministres sous Macron

Depuis 2017, Emmanuel Macron a multiplié les choix : Édouard Philippe (1 145 jours), Jean Castex (682 jours), Élisabeth Borne (603 jours), Gabriel Attal (240 jours), Michel Barnier (90 jours) et François Bayrou (270 jours). Cette succession illustre la difficulté pour le président à trouver un chef de gouvernement durable, capable d’incarner une ligne claire et de résister aux secousses politiques et sociales.

La défiance croissante des citoyens

Ces changements à répétition renforcent un sentiment de lassitude et d’incompréhension dans l’opinion publique. Les Français perçoivent ces nominations comme des compromis opportunistes, dictés par des rapports de force instables plutôt que par une vision de long terme. Chaque nouveau Premier ministre apparaît moins comme un choix d’avenir que comme une solution provisoire.

Un système à bout de souffle ?

La question se pose désormais : la Ve République, pensée pour donner de la stabilité à l’exécutif, est-elle en train de montrer ses limites ? Les échecs successifs de Macron à stabiliser son gouvernement soulignent une crise profonde de légitimité. Reste à savoir si le chef de l’État osera, dans les prochains mois, rompre avec la logique d’alliances précaires pour tenter d’incarner un véritable renouveau politique.