Carla Bruni-Sarkozy écartée de la Légion d’honneur, cette promotion bloquée à la dernière minute
Elle devait être promue officier de la Légion d’honneur, seize ans après avoir été faite chevalier. Mais à la dernière minute, la distinction attendue par Carla Bruni-Sarkozy a été suspendue. En cause : sa mise en examen dans le cadre de l’affaire des financements libyens, un dossier judiciaire encore en cours qui embarrasse l’ordre national le plus prestigieux de France.
L’information, révélée par Mediapart, a pris de court Carla Bruni-Sarkozy. L’ancienne première dame, également chanteuse et ex-top model, devait accéder au grade d’officier de la Légion d’honneur, une progression classique dans l’ordre après seize années de nomination au rang de chevalier. Le ministère de la Culture, dirigé par Rachida Dati, avait validé le dossier, comme celui d’autres personnalités du monde artistique.
Mais selon le média d’investigation, la grande chancellerie de la Légion d’honneur a discrètement ajourné la promotion, invoquant la procédure judiciaire en cours concernant la mise en examen de Carla Bruni dans un des volets de l’affaire des financements libyens présumés de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.
Carla Bruni affirme ne pas avoir été informée
Interrogée par Mediapart, Carla Bruni-Sarkozy a confié être “étonnée”, affirmant qu’elle n’avait même pas été prévenue d’une possible nomination. Or, il est courant que les futurs décorés soient contactés de manière informelle avant l’annonce officielle, pour vérifier leur accord et entamer les préparatifs logistiques.
Le dossier était pourtant bien avancé, au point d’avoir franchi les étapes de validation ministérielles. Ce retrait de dernière minute, rarement rendu public, illustre la prudence extrême des autorités dans le contexte de l’attribution d’une distinction aussi symbolique.
Une logique d’honorabilité renforcée
La grande chancellerie, sollicitée, n’a pas commenté le cas particulier de Carla Bruni, invoquant la confidentialité des travaux du conseil de l’ordre. Elle rappelle cependant que les ajournements concernent jusqu’à 15 % des candidatures, souvent pour des raisons réglementaires (durée de service, casier judiciaire, mérites insuffisants), ou en raison de « l’actualité entourant le postulant ».
L’objectif est de protéger la réputation de l’ordre, qui reste un marqueur d’exemplarité républicaine. Une règle non écrite mais bien réelle : un individu au cœur d’une affaire judiciaire, même non condamné, peut voir son dossier gelé, voire rayé.
Nicolas Sarkozy radié de la Légion d’honneur
Ce n’est pas la première fois qu’un membre du couple Sarkozy est visé par une telle décision. Le 15 juin 2025, l’ancien président de la République a été officiellement exclu de l’ordre, après sa condamnation définitive dans l’affaire Bismuth. Le Code de la Légion d’honneur est clair : une peine de prison d’au moins un an suffit à entraîner une radiation automatique, quelle que soit la stature ou le passé de la personne décorée.
Cette exclusion a été symboliquement forte : un ancien chef d’État perdant une distinction reçue en tant que président, comme un rappel implacable de l’égalité des citoyens face à la loi.
Luc Besson également écarté
Le cas de Luc Besson vient conforter la logique de prudence désormais adoptée par la grande chancellerie. Le réalisateur, informé de sa nomination, a finalement vu son dossier écarté sans explication publique. En cause, selon Mediapart, les accusations de violences sexistes et sexuelles dont il fait l’objet, bien qu’il n’ait été condamné dans aucune de ces affaires à ce jour.
Carla Bruni elle-même a confirmé que la décoration avait été “confirmée” à son ami avant d’être suspendue, preuve d’une démarche très avancée avant le coup d’arrêt final.
L’ombre du soupçon, plus forte que les mérites
Ces blocages illustrent la volonté grandissante de l’État d’éviter tout risque de controverse, même en l’absence de décision judiciaire définitive. Dans une époque où l’opinion publique scrute chaque nomination, la moindre mise en cause suffit à écarter, au nom de l’intégrité symbolique de la République.
Pour Carla Bruni-Sarkozy, la distinction n’est pas annulée mais simplement « ajournée ». Mais tant que l’affaire libyenne ne sera pas tranchée par la justice, son nom restera hors du palmarès des promotions de la Légion d’honneur. Et avec lui, celui de plusieurs figures publiques sous le feu des critiques.