Canicule : il travaillait au soleil sous 41°C, un travailleur saisonnier qui cueillait des fruits décède
Alors que l’Espagne suffoque sous des vagues de chaleur de plus en plus intenses, un nouveau drame relance les interrogations sur les conditions de travail des saisonniers. Un homme de 61 ans, employé dans une exploitation agricole en Catalogne, est décédé lundi alors qu’il récoltait des fruits sous un soleil écrasant. Une mort tragique, peut-être évitable.
Il faisait 41°C ce lundi après-midi à Alcarràs, dans la province de Lleida, au cœur de la Catalogne. En pleine récolte des nectarines, un travailleur saisonnier de 61 ans a perdu connaissance. Selon les premiers éléments rapportés, il a été pris de vertiges avant de s’effondrer au sol. À l’arrivée des secours, il ne présentait plus aucun signe de vie. Malgré les tentatives de réanimation, son décès a été constaté sur place.
L’homme exerçait son activité dans des conditions extrêmes, au moment même où une alerte rouge avait été déclenchée pour canicule. Les températures dépassaient largement les seuils de vigilance, faisant planer une menace constante sur ceux qui restent exposés aux rayons directs du soleil.
Une enquête ouverte et une autopsie prévue
Les Mossos d’Esquadra, la police catalane, ont ouvert une enquête pour déterminer les circonstances précises de la mort. Une autopsie doit être pratiquée pour confirmer ou non l’implication directe de la chaleur dans le décès. En parallèle, les obligations des employeurs sont passées au crible : avaient-ils respecté les mesures imposées en période de canicule ?
Le maire d’Alcarràs a indiqué que les exploitations agricoles de la région avaient officiellement adapté leurs horaires pour éviter l’exposition aux heures les plus chaudes. Les travailleurs sont censés s’arrêter avant 14 heures, et des pauses régulières ainsi que l’accès à de l’eau fraîche sont théoriquement obligatoires. Pourtant, selon les secours, l’alerte a été donnée en fin d’après-midi, ce qui pourrait contredire ces directives.
Une mobilisation syndicale indignée
Pour les associations de défense des travailleurs agricoles, ce décès soulève une nouvelle fois la question de la protection des plus précaires. L’organisation Fruita amb Justícia Social dénonce une situation récurrente : « Que faisait quelqu’un en train de travailler à plus de 40°C, en pleine alerte rouge ? »
Ces travailleurs, souvent saisonniers, migrants, ou sans grande couverture sociale, sont les premières victimes d’un système qui privilégie la productivité à tout prix, selon les défenseurs des droits du travail. Ce nouveau drame met en lumière une réalité trop souvent ignorée : ceux qui nourrissent les autres travaillent dans des conditions qui les mettent en danger.
Une mort qui fait écho à un précédent tragique
Ce décès serait le second attribuable à la chaleur chez les travailleurs en Catalogne cet été. Fin juin, une femme de 51 ans, agent d’entretien des voiries à Barcelone, avait elle aussi succombé à la canicule. Elle travaillait en plein soleil, entre 14h30 et 21h30, sans protection suffisante. Après un malaise, elle avait alerté son employeur qui lui avait simplement conseillé de boire de l’eau… avant de reprendre son poste. Elle est décédée quelques heures plus tard.
Ces deux morts pourraient bien être les prémices d’un bilan plus lourd, à mesure que les températures estivales battent des records. En 2022, selon les autorités espagnoles, plus de 4 600 décès avaient été attribués à la chaleur. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter chaque été.
Une alerte sur la justice climatique et sociale
Ce drame catalan ne se résume pas à une défaillance individuelle ou à un accident isolé. Il s’inscrit dans une problématique plus large : celle de la vulnérabilité des travailleurs de terrain face aux bouleversements climatiques. Récolteurs de fruits, ouvriers du bâtiment, agents de nettoyage ou livreurs : ce sont les mêmes profils qui, chaque été, paient le prix fort.










