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« Ça en devient invivable » : les habitants de Montmartre crient leur ras-le-bol face au surtourisme

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Symbole de la carte postale parisienne, Montmartre étouffe. Entre tourisme de masse, gentrification galopante et perte de repères communautaires, les habitants du célèbre quartier haussmannien tirent la sonnette d’alarme. Derrière les façades pittoresques, la colère monte… et le ras-le-bol s’écrit désormais sur des banderoles accrochées aux fenêtres.

Montmartre n’est plus ce qu’il était. Jadis village d’artistes et de poètes, il s’est mué en une attraction permanente. Avec plus de 11 millions de visiteurs par an – davantage que la Tour Eiffel – le quartier subit les assauts d’un tourisme débridé, au point de devenir invivable pour ses 30 000 résidents. La Basilique du Sacré-Cœur trône toujours au sommet, mais c’est désormais une foule de smartphones levés qui rythme les ruelles autrefois silencieuses.

« On se sent dépossédés », résume Anne Renaudie, présidente de l’association « Vivre à Montmartre ». Dans un quartier désormais pensé pour les visiteurs plus que pour les habitants, les messages de protestation fleurissent : « Laissez vivre les Montmartrois », clament les fenêtres des immeubles qui n’abritent plus, pour certains, que des touristes de passage.

Quand Netflix et les JO ravivent le trop-plein

Le succès de la série « Emily in Paris » a été une goutte de plus dans un vase déjà plein. Le café « La Maison Rose », rendu célèbre par la série, est devenu un passage obligé pour influenceurs et voyageurs pressés. Résultat : un ballet incessant de photos, de salissures, et d’irrespect, au point que les commerçants installent des barrières pour protéger leurs devantures.

À cela s’ajoute la surmédiatisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 et l’arrivée du Tour de France 2025 à Montmartre, qui ont contribué à renforcer la fréquentation, déjà galopante depuis la fin de la pandémie. Un afflux de visiteurs que le quartier n’est plus en capacité d’absorber.

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Airbnb, cancer invisible du quartier

Mais la pression ne vient pas que des touristes eux-mêmes : elle est aussi structurelle. Le 18e arrondissement détient désormais le record parisien de logements proposés sur Airbnb. Une flambée de la spéculation immobilière a vidé les immeubles de leurs locataires permanents, au profit de locations de courte durée bien plus lucratives.

Les familles quittent les lieux, les commerces de proximité ferment, remplacés par des échoppes calibrées pour Instagram. Montmartre devient un décor de cinéma, déserté de ses figurants d’origine. Une muséification vivante, où le quotidien cède le pas au spectacle permanent.

La mairie à la peine face à une crise systémique

Le maire du 18e arrondissement, Éric Lejoindre, a beau appeler à « lisser la fréquentation » et à « réguler les locations », les réponses restent timides. Face à la multiplication des valises à roulettes, à l’encombrement des trottoirs et aux nuisances sonores, les mesures concrètes tardent à venir. Les habitants réclament un moratoire sur Airbnb, une limitation des flux, un retour aux usages de proximité. Mais la mécanique semble lancée, et difficile à freiner sans un choc politique fort.

Montmartre souffre d’un double mal : son succès… et l’impuissance institutionnelle à le gérer.

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Le charme en péril, l’identité en jeu

Car c’est là le drame : ce que les touristes viennent chercher à Montmartre – son charme tranquille, sa vie de quartier, son authenticité – est précisément ce qu’ils contribuent à faire disparaître. Un paradoxe cruel, où l’attraction finit par détruire l’objet de son désir. Le café d’artistes laisse place au coffee shop sans âme. Le peintre de rue est éclipsé par les trépieds d’influenceurs. Et les ruelles pavées résonnent moins du bruit des enfants que du roulement mécanique des valises.

L’appel à une nouvelle manière de voyager

Les Montmartrois ne réclament pas la fin du tourisme, mais sa transformation. Ils veulent un tourisme réfléchi, modéré, qui respecte ceux qui vivent là. Ils réclament un partage de l’espace urbain, où le résident ne serait pas relégué au rang de figurant. Ils attendent que la mairie, la métropole et l’État prennent la mesure du déséquilibre.

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