Un siècle d’industrie française disparaît. Malgré un soutien massif de l’État et des collectivités, la reprise en Scop de Brandt n’a pas été retenue.

Le tribunal de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire du dernier grand fabricant d’électroménager national. Un séisme social et industriel qui laisse 700 salariés sans perspective. L’audience de ce 11 décembre a scellé le destin du groupe Brandt, placé en redressement judiciaire depuis octobre. Ni le soutien politique, ni les engagements financiers de l’État n’auront suffi à sauver l’entreprise.

La décision, annoncée par François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire, a provoqué une onde de choc : « un traumatisme », selon ses mots, pour les 700 salariés concernés.
La seule offre jugée crédible, celle d’une Scop portée par les salariés avec l’appui du groupe Revive, aurait permis de conserver environ 300 emplois. Mais les 20 à 25 millions d’euros requis pour relancer l’activité n’ont pas pu être réunis, en dépit des 5 millions promis par l’État et des engagements des collectivités.

Un projet de Scop soutenu, mais insuffisant pour convaincre

Le gouvernement, ainsi que la région Centre-Val de Loire et la métropole d’Orléans, avaient mobilisé des aides exceptionnelles pour sauver ce symbole industriel. Jamais un projet de reprise n’avait bénéficié d’un tel appui politique, signe du poids symbolique de Brandt dans l’histoire manufacturière française.
Roland Lescure et Sébastien Martin, ministres de l’Économie et de l’Industrie, ont fait part de leur profonde tristesse : « Un fleuron français s’éteint ». Ils pointent aussi le refus d’autres acteurs indispensables au montage de s’engager, condamnant la dernière option crédible.

Une détresse sociale immense parmi les salariés

Devant les sites d’Orléans et de Vendôme, l’abattement s’est mêlé à la colère. Les salariés ont appris la nouvelle autour de braseros, certains brûlant des documents symboliquement pour dire adieu à leur entreprise.
« Les fêtes de Noël seront tristes », témoigne Célia Pinto, effondrée. Le secrétaire CGT Melkonyan Khachatur dénonce un « beau cadeau de Noël » empreint d’amertume. Tous expriment la même sidération : « De la rage, de la colère, de l’incompréhension ».
Le combat pour maintenir ce site industriel historique aura été mené jusqu’au bout, mais l’issue demeure tragique.

Un secteur fragilisé et un contexte économique défavorable

Brandt, acquis en 2014 par le groupe algérien Cevital, réalisait encore 260 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais le marché du gros électroménager est en crise : recul des ventes, inflation, chute des transactions immobilières… autant de facteurs qui ont fragilisé l’entreprise.
En 2024, les ventes du secteur ont encore reculé de 3,9 %, aggravant la situation d’une société déjà fragilisée par des années de difficultés.