Affaire de Nahel : Le policier mis en cause réintégré et muté dans le Pays basque
Malgré sa mise en accusation pour le meurtre de Nahel, le policier impliqué a été réintégré par sa hiérarchie et exerce désormais dans un nouveau commissariat. Une décision qui ravive les tensions autour d’un dossier judiciaire et politique toujours brûlant.
Mis en accusation pour homicide volontaire, le policier de 40 ans qui a abattu Nahel Merzouk à Nanterre en juin 2023 a pourtant été réintégré dans la police nationale. Selon Libération, il a même obtenu une affectation dans le Pays basque, un poste qu’il convoitait. Un choix validé par sa hiérarchie, malgré la gravité des charges qui pèsent sur lui.
Cette décision intervient alors que la chambre de l’instruction l’a renvoyé devant une cour d’assises, une rareté dans les affaires de violences policières. Le fonctionnaire, qui a fait appel de cette mise en accusation, demeure présumé innocent jusqu’à son procès, mais la question de son maintien dans l’institution pose question.
Sous contrôle judiciaire, mais toujours en poste
L’agent reste sous le coup d’une interdiction de port et de détention d’arme, en raison de son contrôle judiciaire. Une restriction qui l’empêche d’intervenir sur la voie publique, mais ne l’empêche pas de travailler dans un commissariat, au contact de la population. Il exerce donc des fonctions administratives ou d’accueil, au sein d’une unité de police dans le sud-ouest de la France.
Une telle configuration, bien que légalement possible, ne manque pas de soulever des interrogations. L’émotion suscitée par la mort du jeune Nahel, tué à bout portant lors d’un contrôle routier, avait été d’une ampleur exceptionnelle, provoquant plusieurs nuits d’émeutes dans toute la France. Le maintien du fonctionnaire en poste, même sans arme, est perçu par certains comme un signal troublant.
Un soutien assumé de la hiérarchie
Selon les informations de Libération, le retour du policier a été facilité par l’administration elle-même, qui lui a permis de réintégrer les rangs après plusieurs mois de mise à pied. Un “arrêt de réintégration” a été signé il y a plusieurs mois, traduisant un soutien implicite de sa hiérarchie, malgré la perspective d’un procès aux assises.
Ce soutien administratif interroge sur la gestion de l’affaire par les autorités. À plusieurs reprises, les syndicats de police avaient publiquement défendu le fonctionnaire, allant jusqu’à qualifier sa mise en cause de « scandaleuse ». Ce climat de tension entre l’institution policière, la justice, et une partie de l’opinion publique reste vif.
Un dossier toujours explosif à l’approche du procès
Le procès à venir s’annonce à haut risque. La mort de Nahel, mineur de 17 ans, avait rouvert le débat sur les violences policières, les contrôles au faciès et l’usage des armes lors des interventions. Le renvoi du policier aux assises, bien que contesté en appel, représente un tournant judiciaire dans un contexte de forte pression politique.
Du côté de la famille de Nahel, cette réintégration est vécue comme une provocation. L’avocat de la mère du jeune homme avait déjà dénoncé « l’impunité de fait » dont bénéficierait le policier. L’annonce de son retour en poste ne fera qu’alimenter ce sentiment.
La justice devra désormais trancher. Mais en attendant, l’image d’un fonctionnaire mis en cause pour homicide et toujours en activité pourrait bien alimenter un malaise durable au sein de l’opinion.