Une mère condamnée après avoir ôté la vie en plein procès à l’assassin présumé de sa fille de 7 ans
Un procès dramatique a bouleversé la société. Marianne Bachmeier, mère d’une fillette assassinée, a abattu en pleine audience le meurtrier de son enfant. Entre vengeance personnelle et faillite de la justice, son geste a marqué l’histoire judiciaire et continue d’alimenter le débat quarante ans plus tard.
Le 5 mars 1980, Klaus Grabowski, 35 ans, ancien délinquant sexuel déjà condamné pour agressions sur mineures, enlève Anna, une fillette de sept ans, à la suite d’une dispute avec sa mère. Séquestrée plusieurs heures dans son appartement, l’enfant finit étranglée puis abandonnée dans un sac plastique. Un crime d’une brutalité insoutenable qui plonge l’Allemagne dans l’effroi.
Une exécution au tribunal
Lors du procès du meurtrier à Lübeck, en 1981, Marianne Bachmeier, âgée de 31 ans, assiste à l’audience, rongée par le chagrin. Alors que le récit glaçant des faits est exposé, elle sort une arme et tire sept coups de feu, dont six atteignent Grabowski, qui meurt sur le coup. La salle sombre dans la panique : juges, avocats et journalistes sont témoins d’une exécution en direct. Très vite maîtrisée, Marianne ne tente pas de fuir. Son visage impassible frappe l’opinion, qui la surnomme aussitôt la “maman vengeresse”.
Une Allemagne divisée
Le geste de Marianne Bachmeier provoque une onde de choc. Pour certains, elle incarne la douleur d’une mère et une forme de justice rendue face à l’horreur. Pour d’autres, elle symbolise le danger d’une justice privée qui menace l’État de droit. Les débats passionnés envahissent la presse et l’opinion publique, partagée entre empathie et inquiétude.
Un verdict controversé
Après deux ans de procédure, le verdict tombe en 1983. Marianne Bachmeier est reconnue coupable d’homicide involontaire et de détention illégale d’arme à feu. Elle est condamnée à six ans de prison, mais n’en purgera que trois. À sa libération en 1985, l’affaire continue d’enflammer le pays : un sondage de l’Institut Allensbach révèle une opinion fragmentée, entre ceux qui estiment la peine trop sévère, trop clémente ou simplement juste.
La part d’ombre de Marianne
La vie de Marianne Bachmeier, marquée par les blessures, éclaire son geste tragique. Fille d’un ancien membre de la Waffen-SS, elle a grandi dans un climat de violence. Avant Anna, elle avait déjà dû confier deux enfants à l’adoption. La naissance de sa troisième fille représentait pour elle une seconde chance, brisée par le crime de Grabowski.
Entre impulsion et préméditation
Si son geste fut longtemps perçu comme une explosion de désespoir, Marianne confiera en 1995 qu’il ne fut pas totalement spontané. Elle avait prémédité de tuer Grabowski pour empêcher qu’il “salisse une nouvelle fois la mémoire de sa fille”. Ces aveux tardifs renforcent l’ambiguïté du drame : vengeance froide ou cri de douleur incontrôlable ?
Une fin prématurée
Après sa libération, Marianne Bachmeier tente de mener une vie discrète, loin du tumulte médiatique. Mais le poids du drame reste omniprésent. En 1996, elle meurt d’un cancer à seulement 46 ans. Son histoire demeure l’un des faits divers les plus marquants d’Allemagne, symbole d’une frontière fragile entre justice institutionnelle et justice personnelle.