Un couple de gens du voyage perçoit illégalement les aides de la CAF et s’en vante : « La vie est plus belle avec l’argent des autres »
Un couple de la communauté des gens du voyage, au train de vie bien supérieur à ses revenus déclarés, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un vaste scandale financier. Accusés de blanchiment d’argent et d’escroqueries sociales, les deux prévenus sont désormais dans le viseur de la justice et du fisc.
Originaires de Parthenay (Deux-Sèvres) et de La Roche-sur-Yon (Vendée), le couple a longtemps mené grand train, entre appartement à Paris, voitures de luxe et investissements immobiliers. Officiellement, l’homme se présentait comme marchand ambulant de literie, tandis que son épouse, mère au foyer, ne déclarait aucune activité professionnelle. Pourtant, derrière cette façade modeste, les flux financiers découverts par les enquêteurs sont considérables.
Le fisc s’est rapidement étonné d’un tel niveau de vie au regard de revenus quasi inexistants. Et ce qui a scandalisé les enquêteurs, c’est la désinvolture du principal accusé : « La vie est plus belle avec l’argent des autres », aurait-il lancé, assumant sans gêne profiter du système social. Une phrase devenue symbole de l’affaire.
Une fraude tentaculaire mise au jour
Les investigations ont révélé plus de 1 000 chèques encaissés, pour un montant total estimé à près de 938 000 euros, dont seulement 252 000 auraient été déclarés. Selon le fisc, environ 120 000 euros de cotisations sociales auraient été éludés. Le couple menait un mode de vie fastueux : caravanes neuves, contrats d’assurance-vie, multiples résidences et véhicules haut de gamme.
Mais la fraude ne s’arrêtait pas là. Les deux époux auraient également abusé du système de la CAF, en falsifiant leurs déclarations de revenus. Résultat : près de 48 000 euros d’aides sociales perçues à tort. Plusieurs biens immobiliers et contrats d’assurance auraient été volontairement dissimulés afin d’échapper aux contrôles des organismes sociaux et du Trésor public.
Une manipulation méthodique
Selon le parquet, l’épouse, illettrée, figurait sur certains actes de propriété afin de masquer les opérations de son mari. Un stratagème visant à dissocier les avoirs et à brouiller les pistes pour les autorités fiscales. Cette dissimulation organisée a fini par attirer l’attention des services de l’État, qui ont remonté la trace de transactions suspectes dans plusieurs départements, notamment les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime.
Pour la procureure de la République, l’affaire incarne une forme de fraude sociale structurée et volontaire, qui nuit à la solidarité nationale. Face à l’ampleur des montants détournés, le parquet a requis des peines exemplaires : douze mois de prison ferme et douze mois avec sursis pour le marchand ambulant, ainsi que six mois ferme et six mois avec sursis pour sa compagne.
Une affaire emblématique d’un malaise social
Le verdict devrait être rendu dans deux mois, mais déjà, cette affaire fait grand bruit. Elle illustre, selon plusieurs observateurs, la défiance croissante envers les fraudes aux prestations sociales et la difficulté des autorités à en prévenir la multiplication.