Quels sont les signes d’un mauvais fonctionnement des reins ? Un néphrologue répond
Souvent silencieuse, l’insuffisance rénale se développe à bas bruit et passe inaperçue jusqu’à des stades avancés. Pourtant, les reins jouent un rôle vital dans l’élimination des déchets et l’équilibre du corps. Un dépistage précoce et une prise en charge adaptée permettent d’éviter des complications graves. Explications d’un spécialiste.
Les reins ne se contentent pas de filtrer le sang. Ils régulent l’équilibre hydrique, la tension artérielle, l’acidité du sang, et produisent des hormones essentielles. Lorsqu’ils sont affaiblis, l’ensemble du corps est fragilisé. En France, 5,7 millions de personnes souffrent d’une maladie rénale chronique, dont près de 90 000 à un stade terminal nécessitant une greffe ou une dialyse.
Une maladie difficile à détecter
Selon le Pr Patrick Rossignol, néphrologue, l’insuffisance rénale chronique reste souvent asymptomatique. Cela explique pourquoi la moitié des malades ne sont pas diagnostiqués. Cette absence de signes précoces retarde la prise en charge, ce qui augmente le risque de complications cardiovasculaires et réduit l’espérance de vie.
Les symptômes à surveiller
Lorsque la maladie se manifeste, elle peut provoquer :
-
une fatigue inhabituelle, même après un effort léger,
-
des troubles urinaires (mictions fréquentes, urines foncées, troubles ou mousseuses),
-
des nausées, une perte d’appétit et de poids,
-
des crampes musculaires, gonflements des chevilles ou des jambes, démangeaisons, mauvaise haleine,
Publicité: -
des douleurs lombaires ou sur les côtés du bassin, accompagnées de troubles du sommeil ou de somnolence diurne.
Ces signes ne sont pas spécifiques mais doivent alerter, surtout en cas d’antécédents médicaux.
Le dépistage, un geste simple mais vital
Pour les personnes à risque – plus de 60 ans, diabétiques, hypertendus, obèses ou atteints de maladies cardiovasculaires – un dépistage annuel est recommandé. Il repose sur deux examens :
-
une analyse d’urine, à la recherche de protéines (albumine), de globules blancs ou rouges,
-
une prise de sang, mesurant la créatinine et estimant le débit de filtration glomérulaire, indicateur clé de la fonction rénale.
Ces tests simples, complétés si besoin par une échographie, permettent une détection précoce et donc une meilleure prévention des complications.
Des avancées thérapeutiques majeures
Pendant longtemps, le traitement reposait uniquement sur la maîtrise de l’hypertension et du diabète à l’aide de médicaments antihypertenseurs. Mais un progrès important a récemment émergé : les inhibiteurs de SGLT-2 (glifozines). D’abord utilisés contre le diabète de type 2, ils se sont révélés efficaces pour ralentir l’évolution de l’insuffisance rénale, y compris chez des patients non diabétiques. Une véritable révolution thérapeutique, selon le Pr Rossignol, après des décennies sans innovation majeure dans ce domaine.
Préserver ses reins, préserver sa vie
En agissant tôt – par le dépistage, une meilleure hygiène de vie, une alimentation adaptée et des traitements modernes – il est possible de ralentir la progression de la maladie rénale et de limiter les risques cardiaques et vasculaires associés. Les reins, souvent silencieux, rappellent ainsi leur rôle essentiel dans notre santé globale.