Quelle retraite pour un français travaillant en Suisse ?
Travailler en Suisse attire de plus en plus de Français, séduits par les salaires élevés et la stabilité économique helvétique. Mais une fois la retraite venue, nombreux sont ceux qui s’interrogent : comment percevoir une pension suisse tout en résidant en France ? Quels droits, quelles démarches, quelles précautions ? Voici un tour d’horizon complet.
La retraite suisse repose sur une architecture tripartite particulièrement robuste, articulée autour de trois piliers complémentaires. Cette structure permet d’assurer un niveau de vie stable aux retraités, tout en combinant solidarité nationale, épargne professionnelle et effort individuel.
Le premier pilier, l’AVS (Assurance Vieillesse et Survivants), constitue la base du système. Il est obligatoire pour tous les actifs suisses, qu’ils résident ou non sur le territoire helvétique. Financé par répartition, il garantit un revenu minimal aux retraités. En 2025, la rente AVS mensuelle varie entre 1 260 CHF et 2 520 CHF, en fonction de la durée de cotisation (jusqu’à 44 ans) et du revenu moyen. La cotisation, fixée à 8,7 % du salaire brut, est répartie équitablement entre employeur et salarié.
Une épargne professionnelle obligatoire : le pilier 2
Le deuxième pilier, appelé LPP (Loi sur la Prévoyance Professionnelle), complète l’AVS en maintenant un niveau de revenu proche de celui de la vie active. Obligatoire pour tout salarié dont le revenu dépasse 22 000 CHF par an, il fonctionne selon le principe de la capitalisation : les cotisations sont versées sur un compte individuel, qui fructifie au fil des ans. À la retraite, ce capital est converti en rente ou versé en une somme unique, selon les options choisies. La performance de ce pilier dépend de plusieurs facteurs : salaire, âge, durée de cotisation et rendement du fonds.
Le troisième pilier : l’épargne individuelle au service de la retraite
La prévoyance individuelle constitue le troisième pilier. Non obligatoire, elle est toutefois vivement encouragée, notamment pour combler les éventuelles lacunes laissées par les deux premiers étages du système. Grâce à des avantages fiscaux attrayants, cette épargne personnelle permet de planifier des projets spécifiques ou de sécuriser son niveau de vie à long terme. Ce pilier reflète la philosophie suisse : responsabiliser les citoyens dans la gestion de leur avenir.
Les droits des Français ayant cotisé en Suisse
Pour les travailleurs français ayant exercé en Suisse, deux cotisations sont incontournables : au premier pilier (AVS) et au deuxième (LPP). Ces droits restent acquis, même après un retour en France. Les pensions peuvent être versées directement sur un compte bancaire français, ce qui facilite grandement la gestion pour les retraités transfrontaliers.
Mais attention : ces revenus sont imposables en France, où ils doivent être déclarés comme pensions étrangères. Les conventions fiscales bilatérales prévoient que les retraites suisses soient intégrées dans le calcul global du foyer fiscal français.
Cumuler carrière française et suisse : c’est possible
Grâce aux accords entre la France et la Suisse, les périodes d’activité dans les deux pays sont reconnues. Cela signifie que vos trimestres français et suisses sont totalisés pour l’ouverture des droits, même si chaque pays calcule sa propre part de retraite. En pratique, un seul dossier de demande suffit, à déposer auprès de la CARSAT française, qui se charge de le transmettre à la Suisse.
En cas de double carrière, vous percevrez deux pensions distinctes : l’une de la part de la Caisse suisse de compensation, l’autre de la CARSAT. Cette coordination simplifie la procédure tout en garantissant une retraite proportionnelle aux périodes travaillées de part et d’autre.
Santé, fiscalité : bien anticiper pour éviter les mauvaises surprises
Les retraités français touchant une pension suisse doivent opter entre deux régimes de santé : la CMU française ou l’assurance suisse LAMal. Ce choix, appelé « droit d’option », doit être exercé dans les trois mois suivant le passage à la retraite. Ce délai strict est impératif pour conserver une couverture continue.
Fiscalement, les pensions suisses sont pleinement imposables en France. Il est essentiel de les intégrer à votre déclaration de revenus. De nombreuses erreurs viennent de cette méconnaissance, conduisant parfois à des redressements coûteux.
Quel montant espérer en 2025 ?
Le montant d’une retraite suisse dépend fortement du parcours professionnel. En 2025, la rente AVS est comprise entre 1 260 CHF et 2 520 CHF, selon les cotisations versées. À cela s’ajoute la pension issue du 2e pilier, qui peut atteindre 1 500 à 2 000 CHF supplémentaires, voire davantage pour les hauts revenus. Ainsi, un retraité suisse moyen peut percevoir entre 3 100 et 4 600 euros mensuels, selon le taux de change.
Témoignage de Jean-Marc D., 68 ans, retraité à Annecy :
« J’ai cotisé 35 ans dans le canton de Vaud. Ma pension suisse me rapporte environ 3 300 CHF par mois, versés directement sur mon compte français. C’est plus qu’une retraite française classique, mais je dois payer mes impôts dessus en France. »
Démarches à suivre pour percevoir sa retraite suisse
Pour déclencher le versement de votre retraite AVS, adressez votre demande à la CARSAT, même si vous résidez en France. Celle-ci fera le lien avec la Caisse suisse de compensation, qui versera la pension sur votre compte français. Pour la retraite LPP, vous devrez contacter directement chaque caisse de pension à laquelle vous avez été affilié durant votre carrière.
Attention : rien n’est automatique. Il est vivement recommandé d’entamer ces démarches au moins six mois avant votre date de départ à la retraite.
Les erreurs fréquentes à éviter
Ne pas anticiper, ne pas récupérer ses avoirs du 2e pilier ou encore ignorer la fiscalité : les pièges sont nombreux, mais évitables. En résumé :
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Déposez vos demandes au moins 6 mois à l’avance.
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Contactez toutes vos anciennes caisses LPP pour récupérer vos droits.
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Simulez vos pensions nettes après impôt pour éviter les surprises.
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Choisissez rapidement entre la CMU et la LAMal.
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Faites-vous accompagner par un expert si nécessaire.
Une retraite sereine commence toujours par une bonne organisation.