Procès de Maylis Daubon : la mère de famille condamnée à trente ans de prison pour l’empoisonnement de ses filles
Devant la cour d’assises des Landes, un drame familial d’une rare violence psychologique a été disséqué pendant plusieurs jours.

Le verdict est tombé le 3 décembre : Maylis Daubon est condamnée à trente ans de réclusion criminelle pour l’empoisonnement de ses deux filles, dont l’une est morte, et pour avoir tenté de faire assassiner son ex-mari. La cour a jugé que Maylis Daubon était responsable de la mort d’Enea, 18 ans, décédée après une ingestion massive de médicaments. L’accusée a tenté de soutenir la thèse du suicide, mais l’avocat général a balayé cette version : aucune preuve ne venait corroborer ce scénario. Pour le ministère public, deux ressorts expliquent le crime : une emprise pathologique relevant du syndrome de Münchhausen par procuration, et une haine profonde envers le père des enfants. Les magistrats ont considéré que l’adolescente était devenue une victime dans un conflit familial où l’équilibre psychologique avait été durablement altéré.
Une emprise dénoncée par les experts

Concernant la cadette, Luan, des analyses ont révélé la présence d’un somnifère réservé aux adultes. Malgré cela, la jeune fille a défendu sa mère, démontrant selon les experts psychiatres l’emprise massive exercée par Maylis Daubon sur ses enfants. À la barre, un expert a décrit une dynamique inquiétante : une domination maternelle qui aurait continué de s’intensifier au fil des années, associée à une volonté de « supprimer le père » du paysage familial. Cette analyse a pesé lourd dans l’évaluation de la dangerosité de l’accusée.
Un père brisé venu rappeler le poids des violences

À l’énoncé du verdict, Yannick Reverdy, ancien international de handball, a fondu en larmes. Divorcé de Maylis Daubon depuis 2009, il avait été accusé de violences conjugales par son ex-femme, avant de perdre progressivement le contact avec ses filles. À la barre, il a affirmé que Maylis Daubon avait utilisé leurs enfants comme « outil de vengeance », manipulant leur relation pour effacer toute présence paternelle. Son témoignage, empreint d’un profond désarroi, a mis en lumière les ravages d’un conflit conjugal transformé en engrenage destructeur.
Une décision motivée par la gravité des faits
La présidente de la cour, Emmanuelle Adoul, a justifié la sévérité du verdict : la gravité des faits, la mort d’Enea, la durée des agissements et le mode opératoire ont conduit à une condamnation à trente ans fermes, assortie d’une période de sûreté de vingt ans — cinq ans de plus que ce qu’avait requis l’avocat général. Dans son box, Maylis Daubon n’a montré aucune réaction : tête basse, cheveux devant le visage, elle est restée silencieuse. Elle dispose désormais de dix jours pour faire appel, mais sa condamnation marque déjà l’une des affaires criminelles les plus lourdes de ces dernières années.






