Prisons : quels pays pourraient bientôt accueillir certains détenus condamnés en France ?
Confronté à une surpopulation carcérale chronique, Emmanuel Macron a évoqué ce mardi une solution inédite : louer des places de prison à l’étranger.
Une idée qui fait débat, mais qui s’appuie sur des exemples européens concrets, et sur un besoin urgent de désengorgement des établissements pénitentiaires français. La situation des prisons françaises est critique. Au 1er avril 2024, 82 921 personnes étaient incarcérées pour seulement 62 358 places disponibles, soit une densité de 133 %. Ce taux dépasse largement le seuil critique fixé par le Conseil de l’Europe, et fait de la France l’un des pays les plus surchargés du continent. Face à cette réalité, Emmanuel Macron reconnaît la nécessité d’accélérer la création de nouvelles places… tout en envisageant un recours temporaire à la sous-traitance pénitentiaire internationale.
Louer des cellules à l’étranger : une piste assumée
Le président de la République a donc surpris en déclarant ce mardi qu’il n’écartait pas la possibilité de “louer” des places de prison dans d’autres pays européens, en cas de besoin. Une mesure qui viserait à désengorger rapidement les établissements les plus saturés, en attendant que les chantiers en cours portent leurs fruits. Une option “si besoin”, mais qui illustre l’urgence de la situation.
L’Allemagne, partenaire potentiel de premier plan
Parmi les pays susceptibles de répondre à cette demande, l’Allemagne apparaît comme un candidat idéal. Avec une densité carcérale de 80,1 % (68,9 détenus pour 100 000 habitants), le pays dispose de places disponibles dans ses établissements pénitentiaires. Son système carcéral est jugé efficace et mieux doté que celui de la France, ce qui en ferait un partenaire crédible pour accueillir temporairement des détenus français.
D’autres pays européens dans le viseur
Outre-Rhin, d’autres États membres présentent des taux d’occupation particulièrement bas, qui pourraient intéresser la France. Les Pays-Bas, par exemple, n’affichaient en 2022 qu’un taux de 66 % d’occupation. L’Estonie détient même le plus faible d’Europe avec 62 %, suivie de près par la Lettonie (67 %). Ces pays sont réputés pour leur gestion moderne et mesurée de la population carcérale, et certains d’entre eux ont déjà expérimenté la location d’espaces à des partenaires étrangers.
Des exemples européens déjà en place
La location de cellules n’est pas une idée sans précédent en Europe. Dans les années 2010, la Belgique avait déjà signé un accord avec les Pays-Bas pour loger ses détenus. Plus récemment, le Danemark a loué 300 places de prison au Kosovo pour une période de dix ans, moyennant 210 millions d’euros. Ces modèles montrent que cette solution, bien que controversée, peut fonctionner dans un cadre légal et bilatéral strict.
Des prisons “plus légères” et plus rapides à construire
En parallèle, Emmanuel Macron souhaite relancer la dynamique de construction de nouveaux établissements. Il a annoncé vouloir “changer les règles” pour faciliter la création de 5 000 places supplémentaires, avec des structures “plus légères” et “plus rapides” à édifier. Sur les 15 000 places promises en 2017, seules 5 000 ont été livrées, 5 000 sont actuellement en construction, et 5 000 restent à l’état de projet.