À deux ans du scrutin présidentiel de 2027, les cartes semblent déjà en partie distribuées. Marine Le Pen, figure incontournable de l’extrême droite française, caracole en tête des intentions de vote selon les derniers sondages.

Mais son avenir politique reste suspendu à une décision judiciaire, laissant planer l’ombre d’un passage de témoin avec Jordan Bardella.

Selon le baromètre Odoxa publié le mardi 29 avril pour Public Sénat, Marine Le Pen arriverait largement en tête au premier tour de l’élection présidentielle de 2027 avec 32 % des intentions de vote. Une avance nette qui la place loin devant ses poursuivants, à commencer par Édouard Philippe (20 %), puis Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann (12 % chacun). Une dynamique qui confirme sa position centrale dans le paysage politique actuel, bien qu’un nuage judiciaire vienne obscurcir cette trajectoire.

Un second tour moins favorable pour l’extrême droite

Si Marine Le Pen semble solidement installée dans l’opinion publique, le scénario du second tour tempère cet élan. Face à Édouard Philippe, elle ne recueillerait que 46 % des voix, contre 54 % pour l’ancien Premier ministre. Cette configuration se répète avec Jordan Bardella, qui obtiendrait 31,5 % au premier tour, mais échouerait également au second face à Philippe. L’effet de plafond de verre persiste pour le Rassemblement national, malgré une implantation électorale consolidée.

Une condamnation qui pourrait tout faire basculer

La perspective d’un duel Le Pen-Philippe pourrait cependant ne jamais se produire. Le 31 mars dernier, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a été condamnée à une peine d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Si son appel n’aboutit pas à une relaxe, elle serait empêchée de se présenter, ce qui ouvrirait la voie à son dauphin naturel, Jordan Bardella. Ce dernier, président du RN, ne cache plus sa préparation en coulisses.

Bardella : l’héritier désigné prêt à bondir

Sur le plateau de CNews ce mardi, Jordan Bardella a officialisé ce que beaucoup pressentaient :* « Si Marine Le Pen est empêchée, je serai candidat à l’élection présidentielle. »* Une déclaration limpide qui s’inscrit dans la stratégie de continuité au sein du RN. Marine Le Pen elle-même l’a reconnu publiquement : « C’est un atout formidable pour le mouvement. » Elle espère cependant ne pas devoir activer cette carte trop tôt, mais la machine est en marche. Le tandem fonctionne, et la succession se dessine.

Le RN face à une transition cruciale

Qu’elle se présente ou non, Marine Le Pen aura façonné l’échiquier politique autour de sa personne. Mais l’incertitude judiciaire l’oblige à envisager une transition. Jordan Bardella apparaît déjà comme un leader crédible, maîtrisant l’appareil et consolidant sa popularité. Le Rassemblement national, fort de scores élevés mais encore fragilisé au second tour, entre dans une phase délicate : transformer un socle électoral en victoire finale.