Présidentielle 2027 : Jordan Bardella, le plan B de Marine Le Pen enfin assumé
Le Rassemblement national fait face à une zone d’incertitude politique sans précédent. Tandis que la candidature de Marine Le Pen pour 2027 est suspendue à une décision judiciaire, Jordan Bardella émerge de l’ombre comme potentiel prétendant à l’Élysée. Une hypothèse qui, il y a encore quelques semaines, paraissait taboue, mais qui s’impose désormais dans le débat.
« Je serai son candidat. » En une phrase, Jordan Bardella a tranché. Dans un entretien accordé au Parisien, le président du Rassemblement national a pris position de façon claire : si Marine Le Pen est empêchée, il prendra sa place dans la course à l’Élysée. Une sortie médiatique qui rompt avec la stratégie officielle du parti jusqu’ici, et qui replace la présidentielle de 2027 au cœur des manœuvres internes. En invoquant « l’impérieuse nécessité de rester unis », Bardella pose les jalons d’une transition maîtrisée, sans effusion mais non sans tension.
Une ligne de communication brisée
Jusqu’ici, l’état-major du RN maintenait une ligne ferme : pas question d’évoquer un plan B tant que le plan A, incarné par Marine Le Pen, restait viable. Sa condamnation en première instance n’avait pas modifié cette posture officielle. Mais depuis l’interview de Bardella, un glissement stratégique est perceptible. « On peut refaire de la politique », confie un proche du jeune président, comme si l’attente judiciaire ne devait plus geler toute action politique. Le soutien affiché à Marine Le Pen n’est pas remis en cause, mais le discours s’ajuste à la réalité.
Une succession qui se précise en coulisses
Le nom de Bardella revient désormais avec insistance comme celui du « candidat naturel ». Même si certains proches rappellent qu’il n’a jamais mené de campagne présidentielle à son nom, l’hypothèse se solidifie. Un parachutage à Hénin-Beaumont, fief électoral de Marine Le Pen, en cas de dissolution de l’Assemblée, est même évoqué pour renforcer son ancrage territorial. Sébastien Chenu, porte-parole du parti, affirme que « tout est possible ». Pourtant, dans les colonnes du Parisien, Bardella tempère : « Il n’est pas prévu au moment où je vous parle que je sois candidat aux législatives anticipées. »
La posture d’un présidentiable en devenir
En dépit de ces précautions, Bardella s’emploie à se positionner comme un chef de file légitime. Il insiste sur ses qualités : rassembleur, à l’écoute, compréhensif envers les préoccupations des Français. Des compétences, selon lui, qui sont communes aux fonctions de Premier ministre et de président. Depuis plusieurs mois, il affine donc son image, tout en se préparant à l’éventualité d’une campagne présidentielle. Une mue politique lente, mais visible, que le politologue Jean-Yves Camus résume ainsi : « Il fait son chemin sans brûler les étapes. »
Marine Le Pen veut encore y croire
Malgré cette montée en puissance de son dauphin, Marine Le Pen ne renonce pas. Sur TF1, elle déclarait récemment : « J’espère que nous n’aurons pas à user de cet atout plus tôt qu’il n’est nécessaire. » Une phrase lourde de sens, qui confirme son attachement à mener la bataille elle-même, si la justice le permet. Elle insiste également sur le caractère personnel de l’élection présidentielle, refusant l’idée d’un remplaçant désigné d’avance. Mais le compte à rebours judiciaire est lancé, et avec lui, une incertitude qui plane sur la campagne à venir.
Une opinion publique déjà prête à trancher
Malgré les débats internes, l’opinion semble tranchée. Selon un sondage Elabe réalisé début avril, Marine Le Pen comme Jordan Bardella se retrouvent en tête des intentions de vote. Pour elle, les projections vont de 32 à 36 %, et pour lui, de 31 à 35,5 %. Ces chiffres traduisent une solidité électorale rare, qui rassure les cadres du parti. Qu’importe le nom sur l’affiche, l’électorat RN semble déjà prêt à franchir le pas.