Pourquoi il vous arrive de voir des choses flottantes dans vos yeux !
Ils dansent devant nos yeux, flottent comme des ombres évanescentes, et intriguent autant qu’ils inquiètent : les corps flottants, aussi appelés « mouches volantes », sont un phénomène courant de la vision. Leur origine est interne à l’œil, et leur perception peut troubler la vie quotidienne sans être, pour autant, dangereuse.
Les corps flottants, ou myodésopsies, se manifestent comme des taches, filaments ou grumeaux mobiles dans le champ visuel. Ces formes grisâtres deviennent visibles surtout sur un fond clair : un ciel dégagé, une nappe blanche, ou un mur uni. Ils ne viennent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur de l’œil, d’où leur qualification de phénomènes « entoptiques ». Ils sont dus à des opacités situées dans le corps vitré, une substance gélatineuse occupant l’espace entre la rétine et le cristallin.
Des signes qui peuvent inquiéter
Les symptômes sont souvent très évocateurs : apparition de points sombres ou de filaments flottants qui suivent les mouvements oculaires, avec un léger décalage. Il peut s’agir d’un seul corps flottant bien visible, ou d’un ensemble plus diffus, que l’on remarque soudainement. Leur forme est très variable : pattes d’insectes, anneaux, nuages filamenteux, et bien qu’ils soient présents en permanence, ils ne sont perçus que dans des conditions spécifiques de lumière.
Les plus touchés : les myopes… et les anxieux
Ces phénomènes peuvent apparaître chez tous, mais les myopes y sont plus fréquemment confrontés, souvent dès l’adolescence. Chez les personnes sans défaut visuel, c’est autour de la cinquantaine que les mouches volantes deviennent plus perceptibles. Leur perception peut générer une anxiété marquée, surtout si le patient pense à tort être atteint d’une maladie grave. Pourtant, dans l’immense majorité des cas, leur cause est bénigne.
L’origine vitrée des mouches volantes
Les corps flottants sont des opacités dans le vitré, gel transparent qui permet à la lumière d’atteindre la rétine. Ce gel est composé d’eau et de protéines organisées de manière très précise. Avec l’âge, cette structure se dégrade : les chaînes protéiques s’agglutinent, créant ces ombres qui dérivent dans le champ visuel. Chez les myopes, l’expansion du globe oculaire peut précipiter cette dégradation.
Une évolution naturelle… ou accidentelle
Un phénomène courant est le décollement postérieur du vitré, qui survient avec l’âge ou après des frottements oculaires répétés. Il peut créer un corps flottant particulièrement volumineux, en forme d’anneau, appelé « anneau papillaire ». Si les frottements oculaires sont aujourd’hui suspectés de jouer un rôle aggravant, ils peuvent affecter non seulement la cornée mais aussi, potentiellement, la structure interne du vitré, en provoquant des lésions mécaniques.
Attention aux signaux d’alerte
Dans certains cas, l’apparition soudaine et abondante de corps flottants doit pousser à consulter rapidement. Cela peut révéler un saignement rétinien, une inflammation du vitré (hyalite ou pars planite), ou même une déchirure rétinienne, pouvant évoluer vers un décollement de la rétine. La perception de flashs lumineux associés est un signe d’alerte supplémentaire, qui indique une traction du vitré sur la rétine. Un examen du fond d’œil est alors impératif.
Interventions médicales : prudence avant tout
Il n’existe aucun traitement préventif reconnu pour les corps flottants. Le laser YAG, parfois proposé pour fragmenter les opacités, est peu efficace et comporte un risque de décollement rétinien. Quant à la vitrectomie, opération chirurgicale consistant à retirer le vitré, elle est réservée aux cas extrêmes, où la gêne est permanente et la vision significativement altérée. La majorité des patients doivent s’adapter à leur présence.
Une gêne plus qu’une maladie
La chirurgie réfractive (LASIK, PKR) et l’opération de la cataracte ne provoquent pas directement l’apparition de corps flottants, mais ces interventions rendent certains patients plus attentifs à leur vision, et donc plus susceptibles de remarquer des myodésopsies préexistantes. Le phénomène peut alors sembler soudain, sans l’être réellement.
Des stratégies d’adaptation
Bien que les corps flottants ne disparaissent pas, des stratégies permettent de les atténuer visuellement. Effectuer de petits mouvements oculaires en saccade peut aider à déplacer les opacités hors de l’axe visuel. Certains patients rapportent une habituation progressive : l’œil et le cerveau s’adaptent à ces ombres, qui deviennent moins gênantes au fil du temps.