Ils espéraient améliorer leur vue, mais affirment en être sortis brisés. Trois patients marseillais accusent un ophtalmologiste réputé du boulevard Baille de les avoir rendus presque aveugles après leurs passages au cabinet. Aujourd’hui, ils réclament justice et veulent empêcher ce praticien d’exercer à nouveau.

À 56 ans, Danielle raconte avoir « tout perdu ». Ancienne chargée de clientèle et passionnée de sport, elle partageait avec son compagnon des sorties en plongée sous-marine, des trails et des courses à pied. Mais après ses interventions, elle se cogne aux meubles, ne peut plus conduire ni même se servir un verre d’eau correctement. Son compagnon, épuisé par la situation, a fini par la quitter. Sept opérations ont été nécessaires pour qu’elle récupère un modeste 6/10 à l’œil gauche, celui qui permet d’évaluer les distances. Un maigre espoir qui ne lui a pas rendu sa vie d’avant.

Christophe, du succès à la dépendance

DJ reconnu, Christophe vivait de sa passion et venait de décrocher un contrat prestigieux comme directeur artistique dans un hôtel de luxe à Dubaï. Tout a basculé à 41 ans après un passage chez le docteur C. : sa carrière s’est envolée et il vit désormais d’une allocation d’adulte handicapé. Ses crises oculaires imprévisibles l’obligent à rester enfermé dans le noir des journées entières, rendant toute reconversion professionnelle impossible.

Elsa, condamnée à une brume permanente

Elsa, commerçante à Rognac, a vu son quotidien rétrécir à une vision floue et altérée. Elle décrit « une brume permanente » qui se transforme en quasi-cécité dès la tombée de la nuit. Pour elle, comme pour les deux autres plaignants, les conséquences dépassent largement le simple handicap : c’est une vie sociale et professionnelle brisée, marquée par la dépendance et l’isolement.

Une plainte pour mettre le praticien « hors d’état de nuire »

Les trois patients sont aujourd’hui représentés par un avocat spécialisé dans les dommages corporels. Leur objectif : obtenir réparation et empêcher l’ophtalmologiste de poursuivre son activité. Tous dénoncent des interventions lourdes, mal encadrées, dont les séquelles les condamnent à vivre dans l’ombre.

Une affaire qui interroge la médecine de confiance

Au-delà du drame individuel, cette affaire soulève une question de fond : comment protéger les patients lorsque le praticien mis en cause bénéficie d’une solide réputation et d’une patientèle fidèle ? La justice devra établir si ces cas relèvent d’erreurs médicales isolées ou d’une pratique dangereuse ayant durablement compromis la vie de plusieurs personnes.