La fracture entre le Rassemblement national et Reconquête s’accentue encore. Ce mardi 21 octobre, Sarah Knafo, eurodéputée et proche d’Éric Zemmour, a présenté sur X (ex-Twitter) un « contre-budget » pour 2026, censé incarner une alternative économique au projet du gouvernement Lecornu.

Mais au lieu de rallier les droites souverainistes, cette initiative a déclenché un violent échange entre l’élue Reconquête et le député RN Jean-Philippe Tanguy, révélant une fois de plus la guerre d’héritage qui oppose les deux formations.

Dans sa publication, Sarah Knafo affirme vouloir réduire de 80 milliards d’euros la dépense publique sur un an, à rebours du projet gouvernemental prévoyant une hausse de 29 milliards. Ce « plan d’urgence » se veut une réponse à « la dérive budgétaire » du Premier ministre Sébastien Lecornu et à ce qu’elle appelle « la faillite d’un État glouton et inefficace ».

L’élue Reconquête défend un programme libéral et identitaire à la fois : baisse massive des dépenses, suppression de l’aide au développement, fin du RSA pour les étrangers, et suppression totale des droits de succession. En clair, un budget de rupture, censé incarner la rigueur économique et la préférence nationale.

Mais le RN n’a pas tardé à répliquer. Jean-Philippe Tanguy, député et membre de la commission des finances, a accusé Sarah Knafo d’avoir “copié-collé” les travaux du RN. Selon lui, son texte reprend « intégralement les chiffres du programme de Marine Le Pen et Jordan Bardella, ainsi que les propositions issues de nos travaux depuis trois ans ».

Sarah Knafo contre-attaque : “Vous inventez des taxes”

La réponse de Sarah Knafo n’a pas tardé. Sur X, elle s’est dite « surprise d’être attaquée par le RN plutôt que par la gauche », tout en affirmant tenir ses données des « textes budgétaires officiels ». Puis, dans une série de messages acérés, elle a renvoyé le RN à ses propres contradictions.

Elle accuse ainsi le parti lepéniste d’avoir “inventé ou relevé 11 taxes” et d’entretenir une vision « trop étatiste » de l’économie. “Vous pensez que certains ne paient pas assez d’impôts ; nous pensons que tout le monde en paie déjà trop”, a-t-elle cinglé. Knafo reproche également au RN d’avoir “voté avec LFI pour créer un impôt contre les Français de l’étranger” et de vouloir maintenir le RSA pour les étrangers présents depuis cinq ans, “ce que Reconquête refuse catégoriquement”.

Sur les symboles fiscaux, elle frappe fort : “Nous proposons la suppression totale des droits de succession — mesure absente de votre programme”, affirme-t-elle, tout en critiquant la tiédeur du RN sur la réduction du nombre de fonctionnaires.

“Le reste n’est que littérature et posture”

Le RN, fidèle à son ton offensif, n’a pas laissé la charge sans réponse. Jean-Philippe Tanguy a répliqué en accusant Reconquête d’incohérence politique. Selon lui, le parti d’Éric Zemmour s’était “opposé à la motion de censure déposée par le RN contre le gouvernement Barnier, lequel voulait 30 milliards de hausse d’impôts et 500 000 immigrés de plus”. Et de conclure sèchement : “Le reste n’est que littérature et posture.”

Ce nouvel accrochage démontre, une fois encore, l’impossibilité d’une “union des droites” pourtant réclamée par une partie de leurs électeurs. Entre les accusations de plagiat, les divergences fiscales et les querelles d’ego, le fossé idéologique et personnel entre Reconquête et le RN semble plus large que jamais.