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« On est anéantis » : une boulangerie bientôt rasée pour un couloir de bus et 3 mètres de piste cyclable

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À Bron, l’odeur du pain chaud se mêle désormais à celle de l’amertume. La boulangerie Maison Panéo, fleuron du quartier depuis près d’une décennie, risque d’être balayée par un projet d’aménagement urbain. Derrière les vitrines encore garnies, la colère et la peur se sont installées, au rythme d’une expropriation annoncée.

Sur la route de Genas, Ali et Abdelkader Harbaoui, frères et boulangers depuis toujours, vivent une épreuve qu’ils n’auraient jamais imaginée. Leur établissement, ouvert en 2015 sur le site d’une ancienne station-service abandonnée, est aujourd’hui dans la ligne de mire du projet de ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) porté par la Métropole de Lyon et le Sytral.

« Le Sytral veut gagner du temps et nous a envoyés devant le juge », fulmine Ali. Ce lundi 6 octobre, une scène surréaliste s’est déroulée dans la boutique : la juge des expropriations, escortée d’un huissier, est venue inventorier le matériel, sous le regard impuissant des propriétaires. Une humiliation publique pour ces artisans qui ont investi vingt ans d’économies dans cette boulangerie.

Trois mètres de trop, une vie qui s’effondre

Le plan initial prévoyait une emprise de 20 mètres. Mais avec l’arrivée des élus écologistes, la largeur du projet est passée à 23 mètres pour intégrer une piste cyclable. Trois mètres qui changent tout : c’est la différence entre la survie et la disparition. « On va se faire exproprier ! », s’indigne Ali, la voix chargée de colère.

Leur parking, vital pour leur clientèle majoritairement composée de professionnels, sera coupé en deux. L’accès deviendra quasi impossible, après deux années déjà marquées par des travaux successifs. « On nous dit que les clients viendront à vélo ou en bus, mais on n’y croit pas une seconde ! », lâche le boulanger, désabusé. Selon lui, 80 % du chiffre d’affaires pourrait disparaître.

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L’administration temporise, la colère monte

Côté Sytral, on tente d’apaiser les tensions. « Nous en sommes encore au stade des acquisitions foncières et des estimations par les Domaines », explique Vincent Monot, vice-président écologiste de la collectivité. Il rappelle que l’enquête publique déterminera l’intérêt général du projet avant toute décision. Une réponse administrative jugée insuffisante par les commerçants, qui voient déjà leurs rêves partir en poussière.

« Ils ne veulent plus de commerces », accuse Ali, craignant de devoir licencier une dizaine de salariés. Il évoque une proposition de relocalisation « en hauteur » qu’il juge absurde : « On ne peut pas vendre du pain au troisième étage ! ». Malgré tout, les frères Harbaoui promettent de se battre jusqu’au bout, bien décidés à ne pas laisser s’éteindre le fournil qu’ils ont bâti de leurs mains.

Entre idéaux écologiques et drames humains

Pour la Métropole, le BHNS s’inscrit dans une stratégie de mobilité durable : réduire la circulation automobile, encourager les déplacements à vélo et revitaliser les zones commerçantes. Mais pour les artisans concernés, la transition écologique prend des allures de sacrifice social. « Le but est de nous flinguer, de tuer le commerce ! », s’indigne Ali, éreinté mais déterminé.

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