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Obsèques de Thierry Ardisson : cette blague douteuse a choqué Serge Gainsbourg lui-même, “Il est fou à lier lui !”

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Il fallait un culot hors normes pour désarçonner Serge Gainsbourg en plateau. Thierry Ardisson l’a fait. Avec sa verve acide et son art de la provocation, il a marqué la télévision française. Son décès, survenu le 14 juillet 2025, réactive les souvenirs d’une carrière jalonnée de séquences devenues cultes.

Lorsqu’il fait ses premiers pas à la télévision avec Scoops à la Une, Thierry Ardisson est rongé par le trac. Un malaise qu’il transforme rapidement en moteur pour mieux désarçonner ses invités. Face à lui ce jour-là : Serge Gainsbourg. L’homme aux provocations légendaires, souvent imbibé, mais toujours maître de ses réparties. Et pourtant, ce soir-là, il va vaciller.

Alors que Gainsbourg évoque tendrement son fils Lucien, surnommé Lulu, Ardisson interrompt avec une phrase choc : « Avec tout ce que tu t’envoies, t’avais pas peur qu’il soit un peu mongolo Lulu, non ? » Silence glacial. Gainsbourg reste figé, abasourdi, avant de lâcher dans un souffle : « Mais qu’est-ce qu’il dit, il est fou celui-là ! ». Une séquence brutale et marquante, révélatrice du style Ardisson : dérangeant, frontal, parfois à la limite.

L’homme en noir face à ses propres démons

Le documentaire La face cachée de l’homme en noir, diffusé deux jours après sa mort sur TF1, lève le voile sur un Ardisson plus vulnérable qu’il n’y paraît. Réalisé par sa femme Audrey Crespo-Mara, ce portrait intime dévoile un homme rongé par l’anxiété, qui se liquéfiait littéralement avant de prendre l’antenne.

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Mais ce mal-être, Ardisson l’a retourné contre ses invités, les poussant eux aussi dans leurs retranchements. Ses punchlines cinglantes, son ton incisif, ses silences lourds ont fait de ses plateaux des lieux de vertige télévisuel. Aux côtés de Laurent Baffie, il formait un duo aussi redouté qu’incontrôlable, capable de balancer sans filtre, sans filet.

Un goût assumé pour la transgression

Une autre archive diffusée dans le documentaire illustre cette mécanique implacable : face à Chantal Goya, Ardisson lâche cette phrase déconcertante : « Le côté un peu enfant attardé… ». Baffie enchaîne aussitôt avec un « Enlève ‘enfant’ », déclenchant les rires d’Alain Chabat… et la stupéfaction de l’invitée. Ce mélange d’humour noir, d’ironie mordante et de mise en danger permanente constituait la signature Ardisson.

Ses émissions comme Tout le monde en parle, Salut les Terriens ou encore L’Hebdo Show ont bousculé les codes d’un PAF souvent trop lisse. Esthétique soignée, éclairages stylisés, musiques pop rock en fond sonore : l’univers Ardisson était aussi visuel que verbal. Il fallait oser, il osait.

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Une disparition qui clôt une époque

Le 14 juillet 2025, Thierry Ardisson s’éteint à l’âge de 76 ans, des suites d’un cancer du foie qu’il combattait depuis 2012. À ses côtés, ses enfants Manon, Ninon et Gaston, et sa femme Audrey Crespo-Mara, à laquelle il confia ses derniers instants face caméra.

Le documentaire posthume, nourri de témoignages de ses fidèles collaborateurs – Marie-France Brière, Laurent Baffie, Catherine Barma – rend hommage à un homme complexe, parfois cassant, mais profondément inventif. Un créateur de formats, un architecte du verbe et du malaise, qui a toujours préféré le choc au consensus.

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“On n’a pas changé le monde, mais on a bien rigolé”

Cette phrase, prononcée par Ardisson lui-même, résonne comme un adieu à sa manière : lucide, désinvolte, drôle et mélancolique. Elle clôt un documentaire qui ne cherche pas à lisser l’image, mais à rendre justice à l’ambiguïté d’un homme libre, irrévérencieux et visionnaire.

Avec la disparition de Thierry Ardisson, c’est une certaine idée de la télévision qui s’efface : celle où l’on pouvait encore oser, déranger, provoquer sans filtre. Une époque révolue ? Peut-être. Mais son héritage, lui, reste intact – gravé dans les mémoires et les archives, comme un rappel que l’audace, même excessive, peut aussi faire œuvre.

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