Depuis plusieurs mois, des tensions de plus en plus vives secouent les rangs de La France Insoumise.

Au cœur de cette tempête politique, un livre explosif, des révélations internes troublantes et le départ remarqué d’une figure emblématique, Clémentine Autain. Une fracture idéologique qui en dit long sur le climat au sein du mouvement mélenchoniste.

Fruit de deux ans d’enquête, La Meute, signé par les journalistes Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, jette une lumière crue sur les pratiques internes de La France Insoumise. Entre accusations de harcèlement, menaces et soupçons de financements opaques, l’image du parti s’en trouve sérieusement écornée. Loin du discours de transparence affiché publiquement, les auteurs dévoilent un fonctionnement autoritaire et verrouillé qui aurait poussé plusieurs figures du mouvement à prendre leurs distances.

Clémentine Autain, une rupture assumée

C’est dans ce contexte chargé que Clémentine Autain, députée emblématique de la gauche alternative, a quitté le groupe LFI pour rejoindre en 2024 le groupe écologiste et social (EcoS). Invitée sur le plateau de BFMTV, elle n’a pas mâché ses mots pour expliquer les raisons de sa rupture. « Il n’est pas possible, au sein de la France Insoumise, de ne pas être d’accord », a-t-elle dénoncé face à Apolline de Malherbe. Elle déplore également une organisation interne qui ne tolérerait pas le débat démocratique et serait marquée par une “culture viriliste” et des “logiques d’intimidation”.

Une confrontation tendue sur BFMTV

Face à ces propos tranchants, Apolline de Malherbe a voulu pousser le débat plus loin. En évoquant une possible dérive autoritaire, voire totalitaire, la journaliste a suscité une réaction immédiate de son interlocutrice. « N’exagérons rien non plus hein ! », a répondu sèchement Clémentine Autain, manifestement désireuse de ne pas dramatiser au-delà du nécessaire, tout en maintenant l’essentiel de ses critiques. Cette joute verbale illustre le malaise ambiant, même dans les échanges médiatiques, autour du fonctionnement du mouvement.

Des règlements de compte internes révélés

L’ouvrage La Meute ne se contente pas de dresser un tableau d’ensemble : il plonge également dans les tensions personnelles. L’une des révélations les plus frappantes concerne une violente altercation verbale entre Clémentine Autain et Sophia Chikirou, une proche de Jean-Luc Mélenchon. Selon le livre, cette dernière aurait invectivé sa collègue via l’application Telegram au lendemain des élections européennes. « Tu n’as pas attendu les résultats pour cracher (…) Tu te prends pour qui ? », aurait-elle écrit dans un message au ton pour le moins agressif. Un échange qui témoigne d’un climat délétère et d’un parti fracturé, même parmi ses cadres les plus visibles.

Ce climat de méfiance, d’oppositions internes et de conflits d’ego interroge sur l’avenir de La France Insoumise. Le départ de figures majeures, les critiques ouvertes sur le fonctionnement du parti et les révélations de La Meute laissent penser que le socle unitaire de LFI est plus fragile que jamais. Alors que les échéances politiques de 2027 approchent, Jean-Luc Mélenchon et son entourage devront composer avec ces fissures internes, sous peine de voir le mouvement perdre de son influence dans une gauche en pleine recomposition.