Figure populaire de la gastronomie française, Philippe Etchebest est sorti de ses cuisines pour rejoindre le terrain.

Sur une autoroute bloquée du Sud-Ouest, le chef étoilé a affiché un soutien clair au monde agricole, rappelant que derrière chaque assiette se joue l’avenir d’une filière fragilisée par les choix politiques et commerciaux. Jeudi 18 décembre, Philippe Etchebest s’est rendu sur l’autoroute A63, à hauteur de Cestas, en Gironde, l’un des points névralgiques de la mobilisation agricole dans le Sud-Ouest. Sa présence, hautement symbolique, a immédiatement attiré l’attention, tant sur place que sur les réseaux sociaux. Le chef bordelais est venu soutenir les agriculteurs opposés à la politique agricole du gouvernement et à l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, jugé menaçant pour les productions locales.

Une vidéo virale et un message sans détour

Dans une courte séquence publiée sur Instagram, largement relayée par Sud Ouest, le chef déclare être présent « pour défendre nos agriculteurs ». En moins d’une minute, le message est clair, direct et sans ambiguïté, recueillant près de 60 000 mentions « j’aime » en quelques heures. Cette prise de parole, concise mais percutante, a trouvé un large écho auprès du public, sensible à l’engagement d’une personnalité connue bien au-delà des cercles militants.

Un soutien assumé, enraciné dans son métier

Sur le terrain, Philippe Etchebest arbore un béret aux couleurs de la Coordination rurale et s’adresse directement aux manifestants : « Ne lâchez rien ! ». Loin d’un simple passage éclair, il prend le temps d’échanger avec les producteurs, d’écouter leurs difficultés et de rappeler ce qui le lie intimement à leur combat. « Je vis à travers le produit, à travers ce qu’ils font tous les jours », insiste-t-il, soulignant que sans agriculture, la gastronomie n’a pas de sens.

Une notoriété mise au service d’un message

Connu du grand public pour ses émissions Top Chef et Cauchemar en cuisine, Philippe Etchebest sait l’impact de sa parole. Il rappelle régulièrement que la cuisine française repose avant tout sur le travail des paysans, une conviction qu’il martèle depuis des années dans ses interventions médiatiques. « Sans nos agriculteurs, je n’existerais pas », confie-t-il, résumant une dépendance souvent oubliée dans les débats économiques.

« Aucun calcul politique », insiste le chef

Face aux interprétations, le cuisinier tient à couper court à toute récupération. Il réfute toute démarche militante ou partisane, affirmant avoir simplement voulu manifester son soutien à des femmes et des hommes « qui souffrent ». Pour lui, il s’agit avant tout de défendre des conditions de vie et de travail devenues intenables, dans un contexte où la pression sur les prix et la concurrence internationale fragilisent les exploitations.

D’autres chefs montent au créneau

Le geste d’Etchebest n’est pas isolé. Quelques jours plus tôt, le chef étoilé Jacques Marcon avait lui aussi pris position. Selon l’AFP, il a publié un message de solidarité sur Facebook avant de participer à un rassemblement devant une préfecture. Son constat est sans appel : « Sans eux, on ferme nos restaurants », reliant directement la crise agricole à l’avenir de la restauration française.

Jacques Marcon élargit le débat en pointant les effets des accords commerciaux internationaux. Il dénonce une mondialisation qui tire la qualité vers le bas, contraignant les restaurateurs à renoncer à certains produits d’exception. « Un bistrot à 40 euros ne peut plus s’offrir un véritable poulet de Bresse », déplore-t-il, voyant dans cette évolution une menace directe pour le patrimoine culinaire français et le savoir-faire des producteurs.