Municipales à Paris : Sarah Knafo tentée d’occuper l’espace que le RN lui a laissé
Sarah Knafo avance masquée. Officiellement indécise, officieusement déjà dans les starting-blocks, l’eurodéputée de Reconquête entretient le flou autour d’une possible candidature à la mairie de Paris. Une stratégie du suspense qui agite les états-majors politiques et pourrait rebattre les cartes dans la capitale.
La décision serait presque arrêtée, mais le calendrier reste volontairement flou. Sarah Knafo cultive un vrai-faux suspense sur sa possible entrée en lice pour la mairie de Paris, à l’image de la méthode déjà employée par son compagnon Éric Zemmour avant la présidentielle de 2022. Dans son entourage, on parle d’une « inclination » plus que d’une annonce formelle, laissant entendre que le choix définitif interviendrait avant Noël.
Publicquement, l’intéressée élude. Elle dit observer, analyser, comparer. Elle affirme vouloir examiner les programmes et juger si les Parisiens disposent de candidats à la hauteur, se donnant officiellement jusqu’à la rentrée pour trancher. Une posture qui alimente toutes les spéculations.
Une attente stratégique dans une course déjà lancée
Pendant que Sarah Knafo temporise, d’autres ont déjà pris position. Rachida Dati pour la droite et Thierry Mariani pour le Rassemblement national sont entrés en campagne, installant un paysage politique que l’eurodéputée de Reconquête observe avec attention. À Paris, chaque geste est scruté, chaque déplacement interprété.
La perspective d’une rencontre avec des militants parisiens ce jeudi a suffi à relancer la rumeur. Un simple rendez-vous militant devient ainsi un signal politique, que Knafo laisse volontairement prospérer sans le confirmer.
Dans les camps adverses, l’hypothèse d’une candidature Knafo est loin d’être anodine. À gauche, certains reconnaissent qu’elle pourrait sérieusement fragiliser Rachida Dati, notamment dans l’Ouest parisien. Des projections internes évoquent une candidate capable de dépasser les 10 % dès janvier, siphonnant à la fois la droite classique et une partie de l’électorat RN.
Créditée d’environ 7 % d’intentions de vote par certains instituts, elle apparaît comme un facteur de déstabilisation, plus encore que comme une simple candidature de témoignage.
Un ancrage ciblé dans les arrondissements bourgeois
Sarah Knafo n’avance pas au hasard. Elle travaille méthodiquement ses réseaux dans les XVIᵉ et XVIIᵉ arrondissements, des territoires où le RN n’a jamais réussi à s’implanter durablement, mais où Éric Zemmour avait réalisé des scores significatifs à la présidentielle.
Dans ces quartiers bourgeois, conservateurs et sensibles aux discours identitaires, le positionnement idéologique de Knafo semble taillé sur mesure, bien plus que celui de certains candidats déjà déclarés.
L’eurodéputée bénéficie par ailleurs d’un soutien médiatique sans commune mesure avec son poids électoral réel. Proche de Vincent Bolloré, elle jouit d’une visibilité exceptionnelle, au point de susciter crispations et jalousies au sein même de l’extrême droite.
Cette exposition a parfois éclipsé des figures pourtant plus installées, comme Jordan Bardella, qui aurait peu goûté certaines unes de la presse conservatrice. Dans les cercles proches de Bolloré, Knafo est perçue comme plus “vendeuse”, plus clivante, mais aussi plus prometteuse.
Des signaux faibles venus du Rassemblement national
Le contexte au RN pourrait aussi jouer en faveur de Sarah Knafo. Le lancement jugé terne de la campagne parisienne de Thierry Mariani n’a pas rassuré, y compris dans son propre camp. En interne, certains reconnaissent que l’eurodéputé frontiste n’a jamais montré un appétit débordant pour la bataille parisienne.
Des discussions ont bien eu lieu en coulisses, notamment autour de Marion Maréchal, dont le profil bourgeois correspond davantage à l’Ouest de la capitale. Mais ces pistes se seraient heurtées à des réticences, voire à une hostilité assumée, laissant le champ libre à une candidature extérieure.
Débarrassée de certaines incertitudes depuis la mi-décembre, Sarah Knafo estime désormais avoir une carte à jouer. Dans son entourage, on juge qu’un score à 7 % serait déjà une réussite, et qu’un passage à 10 % relèverait de l’exploit. Un seuil symbolique qui transformerait une candidature marginale en force politique crédible.
Dans cette hypothèse, l’eurodéputée pourrait capitaliser bien au-delà de Paris. À celle à qui l’on prête des ambitions nationales, une percée municipale servirait de tremplin, et lui permettrait d’occuper l’espace laissé vacant par un RN empêtré dans ses propres arbitrages.









