Il avait promis de quitter la scène, mais jamais les projecteurs. À 77 ans, Michel Sardou vit une retraite paradoxale : discrète dans sa maison du Var, mais toujours bouillonnante d’idées, de projets et de convictions.

Dans un entretien accordé à Audrey Crespo-Mara pour l’émission « Sept à Huit », l’artiste se confie sur sa nouvelle vie, sa vision de la société et son attachement à la France. Installé à Bormes-les-Mimosas, dans le Var, Michel Sardou savoure un quotidien apaisé, loin des tournées et des foules. “Je ne fais rien. Un effort, c’est d’aller dans le jardin. Je n’ai jamais été aussi bien. Je ne vois personne. Je suis un ours solitaire”, confie-t-il, le sourire en coin. Après avoir chanté ses ultimes chansons le 17 mars 2024, il a définitivement tiré sa révérence scénique : “J’ai dit adieu à la scène parce que physiquement, je n’ai plus la santé pour le faire — ni vocalement, ni dans le corps.” Mais ce départ n’a rien d’une disparition : son livre retraçant 60 ans de carrière et un film hommage projeté les 6 et 9 novembre témoignent d’un artiste encore omniprésent dans la mémoire collective.

L’esprit rebelle d’un chanteur populaire

Sardou reste fidèle à ce qu’il a toujours été : un franc-tireur qui dit tout haut ce qu’il pense. “Je n’aime pas être dirigé. Je n’aime pas trop être astreint à quelque chose. Je suis rebelle, je le suis toujours. C’est pour ça que je suis tout seul ici”, explique-t-il. En observateur attentif de la société française, il s’inquiète du climat social : “Le peuple est aussi rebelle. Il ne dit rien, mais attendez… tout le monde est mécontent de tout. Ça va mal finir. Il faut se méfier : un jour, il y aura une goutte de trop.” Ce ton prophétique rappelle l’homme des grandes chansons engagées, celui qui a su faire rimer provocation et lucidité pendant plus d’un demi-siècle.

Une fidélité politique assumée

Figure de la chanson française, Michel Sardou a aussi toujours revendiqué une liberté d’opinion. Proche de Jacques Chirac en 1995 puis de Nicolas Sarkozy en 2007, il assume ses affinités sans détour. Interrogé sur l’incarcération de l’ancien président Sarkozy, il laisse transparaître une émotion rare : “Ça ne m’a pas plu du tout qu’on mette en prison un président de la République. Ça ne se fait pas. Il y en a eu deux avant lui : Louis XVI et Pétain. C’est le troisième.” Sans remettre en cause la justice, il confie avoir ressenti “de la peine et une gêne profonde” face à cet épisode qu’il juge indigne de la fonction présidentielle.