Marine (Star Academy) visée par une plainte après son passage dans C à Vous : Anne-Élisabeth Lemoine aussi concernée…
Venue parler musique et émotions, Marine, gagnante de la Star Academy 2024, a vu son passage médiatique prendre une tournure inattendue.
Une phrase maladroite, un nom cité, et c’est toute une ville qui se sent blessée. Retour sur une polémique aussi surprenante que révélatrice des tensions autour des clichés territoriaux. Ce 30 juin, Marine espérait mettre en lumière son album Cœur maladroit sur le plateau de C à Vous, mais c’est une autre maladresse qui a retenu l’attention. Interrogée par Anne-Élisabeth Lemoine sur ses inspirations, la chanteuse a évoqué ses racines dans le Nord de la France, rendant hommage aux habitants à travers la chanson Des gens bien. Dans un élan de spontanéité, elle a voulu illustrer les préjugés qui pèsent sur sa région… en désignant une autre.
« La ville la plus consanguine de France, c’est Bolbec, en Normandie », a-t-elle lancé, sur le ton de la légèreté. Une formule lâchée sans animosité, mais qui a rapidement enflammé les réseaux sociaux et suscité la colère de certains élus et habitants de la commune normande. Le propos, bien qu’introduit par une dénonciation des stéréotypes, a été perçu comme une stigmatisation brutale.
Une réaction apaisée… mais ferme du maire de Bolbec
Dès le lendemain, Christophe Doré, maire de Bolbec, a réagi avec une retenue notable. Interviewé par Le Courrier Cauchois, il a exprimé son agacement mais sans céder à l’indignation excessive : « Ça m’agace, mais je comprends le combat de Marine contre la stigmatisation. » Une déclaration mesurée, qui tente de réconcilier la maladresse de la chanteuse avec son intention initiale.
Sur les ondes d’ICI Normandie, l’édile a même tendu la main : « Je vais considérer que c’est une erreur de jeunesse. Marine, la ville vous accueille à bras ouverts. Venez chanter à Bolbec. » En formulant une telle invitation, Christophe Doré fait le pari du dialogue plutôt que de la confrontation, et refuse de cristalliser la ville autour d’un ressentiment stérile.
Une opposition locale beaucoup plus virulente
Mais du côté de l’opposition municipale, la tolérance n’est pas de mise. Rachid Chebli, conseiller d’opposition à Bolbec, a exprimé son indignation dans des termes bien plus durs. Pour lui, les propos de Marine relèvent d’une véritable atteinte à l’image de la commune, qualifiés de « propos insultants, dégradants, indignes d’un média public. »
Trois plaintes ont été déposées : contre Marine, contre la présentatrice Anne-Élisabeth Lemoine, et contre le producteur de l’émission C à Vous. Chebli justifie cette action en dénonçant « un discours qui alimente la haine sociale ou territoriale », refusant que ce genre de propos soit banalisé. Il appelle à une prise de conscience médiatique : les mots ont un poids, surtout lorsqu’ils sont diffusés à une large audience.
Quand les clichés locaux deviennent des poudrières
Au cœur de cette controverse, une question de fond refait surface : celle du traitement des territoires en dehors des grands centres urbains. L’évocation même d’un cliché, même dans un contexte de dénonciation, peut réveiller des blessures anciennes. Bolbec, comme tant d’autres communes, souffre déjà d’une image caricaturale qu’elle tente de déconstruire. Dans ce contexte, le nommer revient souvent à le raviver.
Marine, en cherchant à illustrer une injustice, a paradoxalement perpétué une autre forme de stigmatisation, involontaire certes, mais douloureuse. Loin de l’intention humoristique ou illustrative, sa phrase est devenue le symbole d’un malaise plus profond : celui du mépris territorial perçu par de nombreuses communes françaises.
Une jeune artiste face à la complexité de la parole publique
À travers cette polémique, Marine découvre avec brutalité les exigences de la parole médiatique. Gagner la Star Academy, enregistrer un premier album, faire la tournée des plateaux… autant d’opportunités, mais aussi de pièges. Une phrase mal calibrée peut faire oublier des mois de travail, de sincérité artistique et de bonne volonté.
Dans cette affaire, le maire a choisi l’apaisement, mais les plaintes déposées pourraient entretenir la crispation. Peut-être cette invitation à chanter à Bolbec sera-t-elle l’occasion d’un vrai geste de réconciliation – et d’un débat plus large sur les représentations régionales dans les médias.