L’ancien Premier ministre Manuel Valls a quitté le gouvernement avec amertume. Dix mois après son retour sur la scène politique en tant que ministre des Outre-mer, il a été écarté du nouvel exécutif conduit par Sébastien Lecornu. Une éviction qu’il dit accepter, non sans exprimer un profond malaise face à la situation politique actuelle.

Nommé ministre des Outre-mer le 23 décembre 2024 par François Bayrou, Manuel Valls semblait avoir retrouvé une place dans l’appareil d’État, après plusieurs années d’éloignement de la vie politique française. Son mandat aura pourtant été de courte durée : reconduit une première fois par Sébastien Lecornu le 5 octobre dernier, il a été évincé du gouvernement dès le lendemain, lorsque ce dernier a repris les rênes de Matignon à la demande d’Emmanuel Macron. À sa place, la députée Horizons Naïma Moutchou a été nommée.

Une réaction empreinte de déception

Sur Instagram, Manuel Valls n’a pas dissimulé son amertume. Dans une vidéo sobre, il a remercié François Bayrou, celui qui l’avait fait revenir au gouvernement, tout en évitant soigneusement de citer Sébastien Lecornu. “Je quitte sans regret le gouvernement, mais non sans tristesse”, a-t-il déclaré, évoquant une mission “passionnante, exaltante”. Dans son message, l’ex-ministre a rappelé les nombreux dossiers ouverts sous son mandat : la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, la lutte contre la vie chère et le narcotrafic, ou encore la “démétropolisation”, qu’il considérait comme essentielle à la cohésion du pays.

Un constat sévère sur la classe politique

S’il se garde de toute attaque frontale, l’ancien Premier ministre n’a pas caché son écœurement face au climat politique actuel. “Je ne vous cache pas ma profonde inquiétude, face aux événements politiques de ces dernières semaines, si périlleux pour notre pays, pour la démocratie et pour la République”, a-t-il confié. Plus loin, il ajoute ressentir “un malaise, pour ne pas dire un dégoût, face au spectacle politique offert aux Français.” Des mots forts, prononcés par un homme qui, après des années de pouvoir, semble désormais observer la vie publique avec désillusion.

Les raisons d’une éviction controversée

Selon Politico, la décision de ne pas reconduire Manuel Valls relèverait directement du “choix du président”. Emmanuel Macron aurait jugé sa gestion du dossier calédonien trop personnelle, voire maladroite. Un conseiller de l’Élysée évoque “deux ou trois trucs” qui auraient agacé le chef de l’État. À cela s’ajouterait une volonté politique d’“apporter du sang neuf” et de renforcer la parité au sein du gouvernement. Une stratégie de renouvellement qui aurait mis Sébastien Lecornu dans une position délicate, au point que, selon plusieurs sources, le Premier ministre se serait “presque excusé” en annonçant la nouvelle à Valls.