Livret A : des restrictions sur les retraits dès le 1er mai 2025 pour « 55 millions de détenteurs » ?
Symbole de l’épargne sécurisée en France, le Livret A traverse une période de turbulences sans précédent.
Malgré son immense popularité auprès des Français, les chiffres récents montrent un désamour inquiétant. Entre baisse de la collecte et rumeurs infondées, le placement préféré des épargnants semble vaciller sur ses bases historiques.
Avec près de 56 millions de détenteurs en 2022, le Livret A incarnait la confiance des Français dans l’épargne sécurisée. Pourtant, en mars 2025, un net recul est observé : la collecte nette est tombée à seulement 400 millions d’euros, soit une chute vertigineuse de 74 % par rapport à mars 2024. Une telle désaffection n’avait plus été enregistrée depuis 2016. Le premier trimestre confirme cette tendance : seulement 1,73 milliard d’euros collectés, contre plus de 6 milliards l’année précédente à la même époque.
La baisse du taux de rémunération, principal accusé
Le recul du Livret A s’explique avant tout par la baisse de son taux d’intérêt, passé de 3 % à 2,4 % depuis le 1er février 2025. Ce repli a naturellement refroidi les ménages, qui recherchent désormais des placements plus rémunérateurs. Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, une nouvelle baisse pourrait survenir dès le 1er août, ramenant le taux à 1,7 %. « La diminution du taux de rémunération conduit les ménages à réorienter leur épargne vers d’autres solutions », explique-t-il, pointant du doigt un exode progressif vers des produits comme l’assurance-vie.
L’assurance-vie : le grand gagnant de ce désintérêt
Face à l’érosion du Livret A, l’assurance-vie connaît un regain spectaculaire. En février 2025, la collecte nette a atteint 5,8 milliards d’euros, un record inégalé depuis vingt ans pour un mois de février. Les fonds en euros, dont les rendements sont soutenus par la hausse générale des taux, séduisent de plus en plus d’épargnants. Même les unités de compte, plus risquées, attirent un nouveau public. Ce glissement traduit une mutation profonde des comportements d’épargne, au détriment des livrets traditionnels à taux fixes.
De fausses informations sur le Livret A alimentent la confusion
Parallèlement à cette crise de confiance, de nombreuses fausses informations circulent à propos du Livret A, contribuant à alimenter l’inquiétude des épargnants. L’une des rumeurs prétendait que les comptes dépassant 21 500 euros sans justificatif de revenus seraient gelés dès le 1er mai. Ces affirmations sont totalement infondées, comme l’ont rappelé nos confrères de Capital. Le plafond du Livret A est fixé à 22 950 euros, et si ce montant est atteint, il est simplement impossible d’effectuer de nouveaux dépôts ; en revanche, les intérêts continuent de s’accumuler normalement.
Aucun changement concernant les retraits
Autre intox largement relayée : celle prétendant que, dès mai 2025, les retraits seraient plafonnés à 500 euros, sauf pour certaines catégories privilégiées. Cette affirmation est fausse. Le Code monétaire et financier reste clair : le montant minimum de retrait est de 10 euros, sans aucune limitation sur le montant maximum, à condition de respecter le solde disponible sur le livret. Aucune restriction nouvelle n’est prévue, contrairement à ce qu’annoncent certains sites alarmistes.
L’émergence des « fake news » boostées par l’intelligence artificielle
Ce climat de méfiance est alimenté par des plateformes qui exploitent l’intelligence artificielle pour générer des contenus viraux. En publiant des articles rédigés automatiquement, souvent bien référencés sur Google, ces sites poursuivent un objectif purement lucratif : capter l’attention pour maximiser les revenus publicitaires. Derrière une présentation professionnelle se cache en réalité une mécanique fondée sur la désinformation, contribuant à brouiller davantage les repères des épargnants déjà inquiets.