«Limiter les frais bancaires injustes» : la proposition de loi du RN provoque l’ire des banques françaises
Le Rassemblement national a décidé de s’attaquer à un sujet qui touche des millions de Français : les frais bancaires. En hausse continue depuis deux ans, ces coûts facturés par les établissements pour la gestion des comptes suscitent de plus en plus de critiques. Le RN en fait désormais un cheval de bataille politique.
Présentée par Jean-Philippe Tanguy, député et « Monsieur budget » du RN, la proposition de loi vise à « limiter les frais bancaires injustes ». Le texte, discuté ce jeudi 30 octobre à l’Assemblée nationale, dans le cadre de la niche parlementaire du parti, entend protéger les ménages les plus fragiles, mais aussi les classes moyennes et le tissu associatif. Le RN accuse les banques de transformer « chaque incident en source de profits », une pratique qu’il qualifie de « prédatrice ».
L’objectif affiché est clair : rétablir un équilibre entre les établissements financiers et leurs clients. Pourtant, le texte n’a pas convaincu la commission des finances, qui l’a rejeté avant le débat public. Ce n’est pas la première tentative d’encadrement : en avril, les députés communistes avaient présenté une mesure similaire, avant de la retirer quelques mois plus tard.
Des hausses continues qui irritent les consommateurs
Les chiffres donnent du poids à l’argument du RN. Selon l’Observatoire des tarifs bancaires du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), les frais bancaires ont augmenté de 3,1 % entre juin 2024 et juin 2025, et de 6,2 % sur deux ans. Les plus fortes progressions concernent les frais de tenue de compte, qui ont bondi de près de 9 % depuis fin 2024, après une hausse équivalente l’année précédente.
Pour beaucoup de clients, ces augmentations sont vécues comme une double peine : un pouvoir d’achat en baisse et des services inchangés.
Les banques défendent leur modèle économique
Du côté du secteur bancaire, la riposte est immédiate. Frédéric Guyonnet, président du Syndicat national de la banque et du crédit (SNB/CFE-CGC), rappelle que ces frais contribuent au financement des 33 000 agences physiques et des 373 000 emplois du secteur. Selon lui, remettre en cause ce modèle reviendrait à fragiliser tout un écosystème :
« La rémunération des services bancaires permet d’assurer la pérennité du réseau et l’accompagnement quotidien de tous les profils de clients, y compris les plus vulnérables. »
Le syndicaliste estime même que le projet du RN pourrait “nuire à l’intérêt des clients” en affaiblissant la qualité de service et le maillage territorial.
Le secteur bancaire met en avant ses tarifs compétitifs
Même son de cloche du côté de la Fédération bancaire française (FBF). Son président, Daniel Baal, également à la tête du Crédit mutuel, souligne que les frais bancaires en France représentent à peine 0,47 % du budget moyen des ménages, contre 0,95 % en moyenne en Europe.
« Nous avons les services bancaires les moins chers du continent, tout en maintenant le réseau le plus dense », affirme-t-il, rappelant que la France reste une exception en matière d’accès aux agences et de proximité avec les clients.
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