« Le prochain gouvernement devra retirer ce décret » : Bruno Retailleau défend les pharmaciens contre le décret sur les médicaments génériques
Depuis le 1er septembre, une réforme sur les médicaments génériques bouleverse le secteur pharmaceutique : les remises accordées par les laboratoires aux officines sont désormais limitées à 30 % du prix, contre 40 % auparavant. Cette mesure, qui prévoit des baisses progressives jusqu’à 20 % en 2027, provoque la colère des pharmaciens et un vif débat politique.
Vendredi, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur démissionnaire et pressenti pour rester dans le gouvernement Lecornu, a fustigé ce décret, qualifié « d’inacceptable ». Selon lui, cette décision menace directement l’équilibre économique des pharmacies, particulièrement en milieu rural : « Elle fragilise l’équilibre économique des pharmacies, en particulier dans les zones déjà touchées par les déserts médicaux. » Retailleau a exhorté le prochain gouvernement à retirer cette réforme afin de ne pas affaiblir davantage un réseau officinal déjà sous tension.
Une colère déjà manifeste dans les officines
Le mécontentement ne date pas d’hier. Le 16 août dernier, neuf pharmacies sur dix avaient baissé leur rideau, répondant à l’appel des syndicats sous le slogan : « Fermer un jour pour ne pas fermer pour toujours. » Les professionnels rappellent que les remises sur les génériques constituent une part essentielle de leur marge, permettant de compenser les coûts fixes et d’assurer la viabilité économique de leurs officines. Dans des territoires où la patientèle vieillit et où les médecins se raréfient, cette réduction de marge pourrait précipiter la fermeture de nombreuses pharmacies.
Un équilibre financier et sanitaire menacé
Au-delà de la question économique, cette réforme touche aussi à la santé publique. Les génériques, moins coûteux que les médicaments princeps, sont une pierre angulaire du contrôle des dépenses de santé. Mais en réduisant les marges des officines, le gouvernement risque d’affaiblir un maillon essentiel du système de soins. Dans les zones rurales ou semi-rurales, la disparition d’une pharmacie signifie souvent un accès plus difficile aux traitements, une perte de conseils pharmaceutiques et une rupture supplémentaire dans le maillage sanitaire.
Un bras de fer politique à venir
Cette prise de position de Bruno Retailleau s’inscrit dans un contexte politique déjà instable. En défendant publiquement les pharmaciens, il renforce son image de porte-voix des territoires et des professions de santé de proximité. Mais l’exécutif devra choisir entre céder à la pression et préserver le réseau officinal, ou maintenir sa volonté de réduire les coûts de la Sécurité sociale. Ce bras de fer pourrait s’intensifier dans les prochaines semaines, alors que le nouveau gouvernement et son Premier ministre devront clarifier leur stratégie face à un secteur en crise et à une opposition qui ne désarme pas.