« Le devoir d’honorer sa Marianne »: Éric Ciotti réclame un hommage national pour Brigitte Bardot, Olivier Faure s’y oppose
Au lendemain de la disparition de Brigitte Bardot, la France se retrouve face à une question aussi symbolique que clivante : faut-il rendre un hommage national à l’une des figures les plus célèbres de son histoire culturelle ?

Entre élans admiratifs et rappels sévères de son parcours idéologique, le débat révèle une mémoire collective profondément fracturée. Lundi 29 décembre, Éric Ciotti, député UDR des Alpes-Maritimes, a officiellement réclamé un hommage national pour Brigitte Bardot, décédée la veille à l’âge de 91 ans dans sa résidence de Saint-Tropez. Par un message publié sur le réseau social X, l’élu niçois a appelé « solennellement » le président de la République à organiser une cérémonie d’envergure. Pour Éric Ciotti, Brigitte Bardot incarne une part essentielle de l’identité française et mérite une reconnaissance au plus haut niveau de l’État.
Une pétition pour appuyer la demande

Quelques heures après son message, le fondateur de l’UDR a lancé une pétition officielle, destinée à soutenir sa démarche. En début d’après-midi, plusieurs milliers de signatures avaient déjà été enregistrées. Le texte accompagnant l’initiative dénonce ce que ses auteurs perçoivent comme des attaques injustes venues de la gauche, accusée de « haine » envers celle qui aurait incarné « le panache, l’insolence et l’élégance françaises ». La pétition appelle le chef de l’État à faire preuve de courage politique en consacrant un hommage national à “BB”.
La réponse ferme du Parti socialiste
Cette initiative n’a pas tardé à susciter des réactions virulentes. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a répondu directement à Éric Ciotti sur X. Il a rappelé que les hommages nationaux sont traditionnellement réservés à des personnalités ayant rendu des services exceptionnels à la Nation. S’il reconnaît l’impact artistique de Brigitte Bardot sur le cinéma français, Olivier Faure souligne qu’elle a également tourné le dos aux valeurs républicaines et fait l’objet de multiples condamnations judiciaires pour racisme, estimant dès lors la question « simple » et « basique ».
Une gauche globalement réservée

Dans l’ensemble, les réactions venues de la gauche sont restées rares ou critiques, contrastant avec les louanges plus appuyées observées à droite et à l’extrême droite. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a néanmoins publié un message saluant la contribution de l’actrice au rayonnement du cinéma français dans le monde. Un hommage mesuré, centré sur l’œuvre artistique plutôt que sur le parcours idéologique de la défunte.
Des critiques plus sévères chez les écologistes et à LFI
D’autres voix à gauche se sont montrées nettement plus dures. Sandrine Rousseau a dénoncé ce qu’elle perçoit comme un cynisme moral, opposant la sensibilité de Brigitte Bardot à la cause animale à son indifférence supposée au sort des migrants. De son côté, Sarah Legrain a estimé que l’actrice était « trop raciste » pour faire l’objet d’un hommage des Insoumis. Ces prises de position illustrent un rejet frontal de toute célébration officielle.
Une trajectoire politique de plus en plus marquée

Si Brigitte Bardot fut une icône progressiste dans les années 1960, elle a progressivement opéré un virage idéologique radical après avoir quitté le cinéma en 1973. Son engagement pour la cause animale s’est accompagné de prises de position de plus en plus proches de l’extrême droite. Après un soutien à Valéry Giscard d’Estaing en 1974, elle s’est ensuite rapprochée de figures comme Marine Le Pen, qu’elle qualifiait de « Jeanne d’Arc du XXIᵉ siècle ». Ces choix ont contribué à faire d’elle un symbole revendiqué par l’extrême droite française.
Un héritage judiciaire et idéologique controversé
Au fil des années, Brigitte Bardot a été condamnée à plusieurs reprises pour provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale. Ces condamnations pèsent lourdement dans le débat actuel et expliquent, pour ses détracteurs, l’impossibilité d’un hommage national consensuel. Son héritage apparaît aujourd’hui profondément ambivalent, partagé entre admiration pour son influence culturelle et rejet de ses prises de position politiques.






