Laurent Baffie, figure bien connue de l’humour corrosif et du franc-parler à la télévision française, tourne une page de sa carrière. L’ancien sniper de Thierry Ardisson annonce son retrait définitif du petit écran, dans un contexte médiatique qu’il juge moribond et de plus en plus hostile à la liberté de ton qui a fait sa marque.

Invité récemment de l’émission OnTime animée par Marco Thiollier, Laurent Baffie a confirmé qu’il ne remettra plus les pieds à la télévision en tant que chroniqueur ou sniper. Celui qui a longtemps électrisé les plateaux par ses piques acérées et son humour provocateur estime qu’il est temps de laisser la place à la nouvelle génération. « On me l’a proposé, mais à mon âge… Je suis trop vieux », confie-t-il, lucide et sans amertume.

Malgré ce retrait, l’humoriste constate avec plaisir qu’il continue de toucher un nouveau public. « C’est étonnant, parce que je touche une génération qui ne me connaissait pas et ça fait super plaisir », se réjouit-il. Cette forme de reconnaissance tardive coïncide avec l’émergence de son fils dans le paysage audiovisuel, bientôt à l’affiche sur TF1 en tant que comédien.

Une télévision qu’il juge à l’agonie

Mais derrière le retrait personnel, se cache aussi une critique plus large de l’évolution du paysage télévisuel. « C’est un média qui agonise », tranche-t-il sans détour. Selon lui, la télévision traditionnelle n’est plus capable d’offrir l’espace de liberté qui lui permettait autrefois de s’exprimer sans filtre. Une tendance qu’il observe avec pessimisme, notamment à l’heure où le politique envahit de plus en plus les émissions de divertissement.

Ce constat s’accompagne d’un désintérêt assumé pour les plateaux actuels : « Je n’ai plus envie de faire le sniper. La télé d’aujourd’hui n’est plus faite pour ça. »

Baffie règle ses comptes avec TPMP

Autrefois invité régulier de Cyril Hanouna, notamment dans Touche pas à mon poste ou La grosse rigolade, Laurent Baffie prend aujourd’hui ses distances avec l’univers de C8. Sans accabler personnellement l’animateur, qu’il décrit comme ayant été accueillant à ses débuts, il critique ouvertement le virage éditorial radicalement politique pris par TPMP.

« Maintenant, ce n’est plus des émissions dans lesquelles on peut aller », juge-t-il. Et d’ajouter avec une ironie mordante : « Tu ne peux plus faire ta promo dans une émission devenue totalement politique, pour écouter des rubricards, tu vois ? J’ai le bistrot d’en bas si je veux entendre des conneries, hein ! » Une manière bien à lui de dire que le débat y est devenu indigeste.

Contre la censure, pour la liberté de zapper

Malgré son rejet du format actuel de TPMP, Baffie ne soutient pas pour autant l’exclusion de C8 de la TNT, réclamée par certains après les polémiques à répétition. En mars dernier, dans Libération, il défendait la liberté de choix du téléspectateur : « J’ai un outil extraordinaire si je veux pas le regarder : une télécommande et je zappe. »

Cette prise de position cohérente avec son personnage public — irrévérencieux mais profondément attaché à la liberté d’expression — montre que même critique, Baffie n’est pas un censeur. Il refuse simplement de participer à un système qu’il juge perverti.

Une fin de chapitre, pas de carrière

Si la télévision ne l’attire plus, Laurent Baffie ne disparaît pas pour autant. Entre radio, théâtre et écriture, il reste actif, tout en s’éloignant du bruit des studios et des polémiques télévisées. Son humour, lui, reste intact, mordant, mais désormais plus sélectif quant à ses terrains d’expression.