La sortie de Michel-Edouard Leclerc sur le halal fait polémique : « Vous allez trop loin »
Le marché du halal connaît une croissance fulgurante en France. Jadis cantonné à quelques commerces spécialisés, il s’impose désormais dans les rayons des grandes enseignes et attire les géants de la distribution.
Mais cette expansion ne fait pas l’unanimité : entre enjeux économiques, débats religieux et crispations politiques, le halal continue de susciter de vives polémiques. Dernier épisode en date : les propos de Michel-Édouard Leclerc sur ce sujet sensible.
Ces dernières années, le marché des produits halal s’est imposé comme l’un des plus dynamiques du secteur alimentaire. De la viande certifiée aux plats préparés, la demande ne cesse de croître, portée par une population jeune, urbaine et attachée à une consommation éthique. Des enseignes comme H-Market, filiale halal de Carrefour, ont ouvert la voie en proposant des points de vente spécialisés dans plusieurs villes de France.
Face à cette évolution, les grandes surfaces traditionnelles tentent de s’adapter, élargissant peu à peu leur offre. Mais cette progression s’accompagne de controverses : la définition même du halal reste sujette à interprétation, notamment sur les méthodes d’abattage et les certifications religieuses, souvent sources de rivalités entre organismes.
Une rumeur enflée autour des boucheries Leclerc
C’est dans ce contexte tendu qu’une rumeur virale a éclaté sur les réseaux sociaux, affirmant que 60 % des viandes vendues dans les boucheries Leclerc étaient désormais halal. Une information fausse, rapidement démentie par le principal intéressé.
Michel-Édouard Leclerc a précisé que “les produits halal représentent moins de 4 % de l’offre alimentaire globale du groupe”, avec une part qui atteint “environ 17 % sur la viande de poulet”. Une mise au point nécessaire, tant le sujet demeure inflammable.
Sur X (ex-Twitter), certains internautes ont accusé l’enseigne de “céder au communautarisme”, tandis que d’autres ont salué “une adaptation logique à la demande”. Une illustration parfaite de la polarisation du débat public autour de l’alimentation religieuse.
Michel-Édouard Leclerc assume et tempère
Invité sur les plateaux de RMC et BFMTV, le président du groupe Leclerc a tenu à clarifier sa position, sans se départir de son franc-parler.
“C’est un besoin. Beaucoup de nos salariés mangent halal, que ce soit en métropole ou ailleurs. C’est aujourd’hui dans les mains de grossistes. Alors, oui, il y a des querelles de mosquées, de cahiers des charges… Mais chacun doit pouvoir acheter moins cher, sans dépendre d’un marché spéculatif.”
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S’il reconnaît le potentiel économique du halal, l’entrepreneur admet ne pas être encore prêt à s’y engager pleinement. “Dès que je le ferai, je me ferai tirer dessus,” confie-t-il, rappelant avoir déjà tenté l’expérience il y a une douzaine d’années avant d’y renoncer face aux critiques.
“Je vais trouver le bon moment”
Michel-Édouard Leclerc se dit convaincu que le moment viendra, mais pas dans l’immédiat. “Je vais trouver le bon moment, mais il y a des coups à prendre,” explique-t-il.
Face à Apolline de Malherbe, qui lui fait remarquer que “Carrefour ne se fait pas tirer dessus”, il rétorque :
“Carrefour, sa communication n’est pas incarnée. Moi, oui. Quand on parle de Leclerc, on parle de moi.”
Le ton monte légèrement lorsque le patron se compare à Robin des Bois, provoquant la réplique amusée de la journaliste : “Vous allez trop loin.” Ce à quoi il répond :
“Je veux bien en prendre, c’est souvent dans les combats qu’on se révèle. Mais pour l’instant, j’en ai plein d’autres.”
Une équation politique et identitaire
Au-delà des chiffres, le débat sur le halal cristallise des tensions bien plus larges, mêlant économie, religion et identité nationale. Pour certains observateurs, il traduit la difficulté de la société française à concilier laïcité et diversité culturelle, sans tomber dans les caricatures.