15 49.0138 8.38624 1 1 10000 1 https://fr.housetherapie.com 300
Publicité:
Capture decran 2025 05 02 132308
Publicité:

La région Paca refuse de verser une subvention à l’école Kourtrajmé qui utilise l’écriture inclusive jugée «wokiste»

À Marseille, l’école de cinéma Kourtrajmé devait bénéficier d’un soutien régional pour former des jeunes en difficulté.

Publicité:

Capture decran 2025 05 02 132403

Pourtant, une clause inattendue liée à l’écriture inclusive a fait capoter cette subvention. Un bras de fer idéologique s’installe désormais entre innovation pédagogique et politique linguistique régionale.

L’école marseillaise Kourtrajmé, antenne d’une initiative culturelle destinée à rendre le cinéma accessible aux jeunes en situation de précarité, a vu une subvention de 75.000 euros lui échapper brutalement, malgré une convention signée en bonne et due forme. Destinée à soutenir ses projets pour 2025 et 2026, cette aide avait été votée dans le cadre du programme régional d’insertion par la formation. Mais la décision du président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier, est venue tout annuler.

La nouvelle est tombée par mail, le 24 avril, au lendemain d’une session plénière du conseil régional. La raison invoquée ? L’usage de l’écriture inclusive dans les supports de communication de l’établissement. Une décision sèche, incompréhensible pour Marie Antonelle Joubert, directrice de l’école. « La Région nous a simplement prévenus que la subvention ne serait pas versée, à cause de cette écriture », a-t-elle confié à France 3, sidérée.

Publicité:

Un refus fondé sur un combat politique

Capture decran 2025 05 02 132323

Si cette prise de position a surpris l’école, elle n’est pas complètement inédite. Depuis plusieurs mois, la région Paca mène une lutte affirmée contre l’écriture inclusive, portée par une volonté politique claire. Dès 2023, une motion du Rassemblement national, adoptée à l’unanimité, avait appelé la Région à ne plus soutenir les initiatives promouvant cette forme d’écriture.

Ce rejet a été réaffirmé récemment dans le cadre du plan « Trajectoires Valeurs », où figure noir sur blanc l’engagement suivant : « Stop à l’écriture inclusive dans les demandes de subventions ». Pour Muselier, cette écriture serait un vecteur de division, de complexité, voire d’idéologie : « Il ne faut pas laisser de place aux doctrines de conflit comme le wokisme ou le négationnisme », a-t-il insisté, en dénonçant une atteinte à la clarté de la langue française.

Une décision applaudie par l’extrême droite régionale

Capture decran 2025 05 02 132456

Publicité:

Le Rassemblement national n’a pas tardé à saluer la décision. Sur X (ex-Twitter), le parti a crié victoire : « Renaud Muselier abandonne sa subvention à l’école Kourtrajmé à Marseille ! ». Une prise de position qui irrite profondément la directrice de l’établissement. « Ces gens vivent encore au XXe siècle », rétorque-t-elle, visiblement agacée.

Pour elle, le refus de la subvention met en péril une dynamique culturelle innovante, alors même que la région se veut un territoire de référence pour le cinéma. « Nous travaillons avec Plus belle la vie, Tom et Lola, Emily in Paris. Nous faisons rayonner la région par nos talents, et ce financement récompensait notre méthode. Sur ce critère, ils en ont pour leur argent ! »

L’école reste debout, mais inquiète

Capture decran 2025 05 02 132434

Publicité:

Refusant de céder à la pression, l’école n’envisage pas, pour l’instant, de réécrire l’intégralité de sa communication sans écriture inclusive. Le travail serait colossal, coûteux, et irait à l’encontre de ses principes. « Va-t-on bientôt me demander d’effacer les femmes cameramen des photos ? », lance, non sans ironie, la directrice.

Malgré ce coup dur, l’école Kourtrajmé entend poursuivre sa mission. Avec un budget annuel d’un million d’euros, elle espère compenser la perte en sollicitant davantage ses partenaires historiques, notamment le Centre national du cinéma (CNC) et plusieurs mécènes privés. Mais cette coupe budgétaire pourrait peser lourdement sur la formation de plusieurs stagiaires, pour lesquels la participation financière de la Région était cruciale.

Un choix politique aux conséquences humaines

Capture decran 2025 05 02 132416

Au-delà de l’aspect financier, cette affaire révèle un clivage idéologique profond entre les acteurs publics et le monde de la culture. Alors que le cinéma se veut un espace d’ouverture et de pluralité, le retrait de la subvention apparaît pour beaucoup comme un geste de censure symbolique.

Publicité:

La décision de Renaud Muselier, justifiée par une vision rigide de la langue, suscite d’autant plus de remous qu’elle impacte des jeunes issus de milieux modestes, précisément ceux que la Région prétend vouloir accompagner. Pour Kourtrajmé, il s’agit désormais de se battre pour maintenir une pédagogie inclusive et ambitieuse, sans céder à la pression politique.

Publicité:

Merci pour le partage!