La pénitentiaire se demande comment gérer ses détenus d’ultradroite, de plus en plus nombreux depuis le 13-Novembre
Dans les établissements pénitentiaires français, un mouvement discret mais significatif attire l’attention des autorités : depuis plusieurs années, le nombre de détenus issus de mouvances d’ultradroite augmente.

Un rapport commandé par l’administration pénitentiaire à l’historien Nicolas Lebourg permet de mieux comprendre ce phénomène, ses origines et ses profils. Selon ce rapport, les attentats de 2015 ont marqué un tournant dans certains milieux radicalisés, entraînant la formation de groupes persuadés d’agir en réaction.
À partir de 2016-2017, les services de renseignement ont constaté une hausse des actions violentes menées par des individus ou de petits groupes issus de mouvances d’ultradroite.
Cette évolution a conduit à davantage d’interpellations et de placements en détention.
Deux catégories de détenus concernées

Le chercheur a pu étudier 104 personnes arrêtées depuis 2017 :
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51 pour des événements violents dans l’espace public
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53 pour des projets d’actions planifiées, stoppées en amont
Ces profils se caractérisent souvent par une vision inquiétée de l’avenir du pays, notamment autour de la notion de transformation culturelle ou démographique.
Ce sentiment d’urgence perçu peut conduire certains individus à basculer vers des actions risquées.
Une diversité de parcours
Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de profil type.
Certains sont jeunes, issus de milieux urbains et actifs dans des cercles militants ; d’autres sont plus âgés, installés en milieu rural et engagés depuis longtemps dans des mouvements politiques.
Ce qui les lie, selon le rapport, est une forte influence des réseaux sociaux, des forums et des échanges en ligne, où circulent des discours très polarisés.
Des idées qui se croisent

Le rapport identifie plusieurs courants, parfois très différents les uns des autres :
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des groupes identitaires axés sur la défense de la culture locale
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des militants prônant une forme de protection du territoire
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des individus isolés ayant développé leurs convictions principalement en ligne
Les motivations varient, mais la peur d’un changement culturel perçu comme trop rapide reste un point commun.
Une présence plus visible en détention
Aujourd’hui, le nombre de personnes classées comme proches de l’ultradroite en détention est en hausse, même s’il reste inférieur à celui d’autres courants extrémistes.
Les autorités pénitentiaires s’interrogent sur la meilleure manière de prévenir les tensions en établissement, notamment lorsque cohabitent des personnes aux convictions très opposées.
L’objectif est d’éviter la création de groupes d’influence internes.






