La numéro deux de l’Assurance maladie redoute les conséquences d’un « budget de l’extrême droite » en cas de dissolution
Alors que la France traverse une crise politique majeure après la démission de Sébastien Lecornu, la parole d’une haute fonctionnaire secoue le monde de la santé publique.
Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale de l’Assurance maladie, a lancé un cri d’alarme sur LinkedIn, dénonçant les effets désastreux qu’aurait, selon elle, une arrivée au pouvoir de l’extrême droite sur l’accès aux soins et sur la stabilité de l’État social.
C’est un texte inhabituel dans la bouche d’une haute fonctionnaire. Sur son compte LinkedIn, Marguerite Cazeneuve a publié un message au ton grave, presque politique, ce mardi 7 octobre. « Nous, agents publics, sommes garants de la continuité de l’État. Mais nous devenons faillibles à mesure que se normalise l’instabilité politique », a-t-elle écrit en préambule, déplorant une situation de blocage institutionnel qui, selon elle, fragilise les politiques publiques essentielles, notamment dans le domaine de la santé.
Elle décrit une Assurance maladie “exsangue”, un hôpital “aveugle”, et des professionnels de santé “épuisés et en attente de revalorisations”. Le constat est sévère, et sa publication intervient à un moment où le pays cherche désespérément une issue à la crise gouvernementale ouverte par le départ du Premier ministre.
Une mise en garde contre “le budget de l’extrême droite”
Marguerite Cazeneuve n’a pas mâché ses mots à propos d’une éventuelle dissolution de l’Assemblée nationale, qui pourrait, selon elle, ouvrir la voie à une majorité d’extrême droite. Elle met en garde contre les conséquences directes d’un tel scénario : « Le budget de l’extrême droite a été annoncé : suppression de l’Aide médicale d’État, des prestations sociales aux étrangers, destruction de l’audiovisuel public, fin des aides aux énergies renouvelables et des crédits politique de la ville. Mesurons-nous bien ce que cela signifie ? »
Son message se veut un avertissement sur la possible remise en cause du modèle social français, et notamment de son pilier central : la solidarité dans l’accès aux soins. Pour illustrer les dérives potentielles, elle évoque la situation américaine sous Donald Trump — “anéantissement de la science, musellement des médias, activation de milices” —, une comparaison qui fait froid dans le dos.
Un appel au compromis politique
Dans un ton mêlant inquiétude et pragmatisme, la dirigeante de la Cnam appelle les forces politiques à dépasser leurs divisions. « Aucune n’est en mesure de changer de cap seule », estime-t-elle, exhortant les partis à « abandonner leurs totems et lignes rouges » pour préserver l’équilibre républicain.
Son constat est amer : le prochain budget de la Sécurité sociale sera sans doute “décevant pour tous”, mais nécessaire pour éviter la paralysie. Elle défend par ailleurs les conclusions du rapport “Charges et produits” de la Cnam, qui prévoit 3,9 milliards d’euros d’économies d’ici 2026, un ajustement déjà conséquent selon elle, bien qu’inférieur aux 5,5 milliards proposés par François Bayrou cet été.
Des mesures sensibles à venir
Parmi les pistes évoquées figurent la réduction de la durée des arrêts maladie supérieurs à 15 jours et l’allongement du délai de carence de trois à sept jours, partiellement compensé par les assurances employeurs. Des mesures qui, selon la Cnam, permettraient de limiter les dépenses tout en préservant l’équilibre du système.