La liste complète des 30 maladies prises en charge à 100 % par la Sécurité sociale
Derrière un sigle technique se cache une bouée de sauvetage pour des millions de Français atteints de maladies chroniques. Les “ALD 30” — affections de longue durée prises en charge à 100 % — représentent un dispositif essentiel du système de santé, mais encore trop souvent méconnu ou mal compris par les patients eux-mêmes.
Pour près de 11 millions de personnes, les ALD permettent d’alléger le coût des traitements, parfois à vie. En théorie, le principe est simple : si la maladie figure dans la liste des “ALD 30”, les soins directement liés à cette pathologie sont remboursés intégralement par l’Assurance maladie. En pratique, le chemin est bien plus tortueux. Dépassements d’honoraires, soins non couverts, erreurs administratives : autant d’obstacles qui transforment souvent ce droit en véritable parcours du combattant.
Un chiffre illustre cette difficulté : 500 000 dossiers ALD sont rejetés chaque année, faute de justificatifs complets ou d’erreurs dans les formulaires médicaux. Une réalité méconnue qui pousse certains patients à avancer des frais importants sans même savoir qu’ils auraient pu être exonérés.
Les 30 maladies concernées
La liste des ALD 30, fixée par décret depuis 2011, recense les pathologies chroniques les plus graves nécessitant un suivi régulier et coûteux. Elle inclut, entre autres, les cancers, la sclérose en plaques, le diabète, les maladies cardiaques, neurologiques, respiratoires ou psychiatriques, mais aussi des maladies auto-immunes comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde. Ces affections ouvrent droit à un remboursement intégral des soins liés à la maladie, dans la limite des tarifs de la Sécurité sociale.
Toutefois, le dispositif ne couvre pas les dépassements d’honoraires ni certains soins de confort. Dans ces cas, les mutuelles jouent un rôle déterminant, mais tous les assurés n’en disposent pas. Résultat : de nombreux patients continuent de débourser des sommes importantes malgré le statut d’ALD.
Les “ALD hors liste”, un vide médical à combler
Certaines maladies longues et invalidantes ne figurent pas dans la liste officielle. Ces “ALD hors liste” nécessitent une demande spécifique du médecin traitant, qui doit démontrer que la pathologie exige des soins lourds et prolongés sur plus de six mois. En 2023, près de 3,9 millions de Français étaient concernés par ce dispositif particulier.
Les cas les plus fréquents incluent la fibromyalgie, les dépressions sévères ou les troubles du comportement alimentaire chroniques, autant de pathologies encore sous-évaluées par le système de santé. Cette distinction entre ALD “exonérante” et “non exonérante” crée des inégalités notables d’accès aux soins, notamment pour les patients les plus précaires ou mal informés.
Une protection limitée dans le temps
Contrairement à ce que beaucoup croient, le statut d’ALD n’est pas permanent. Chaque dossier est accordé pour une durée variable — de 1 à 10 ans selon la maladie — puis doit être renouvelé. Si le médecin oublie de faire la demande à temps, le patient perd temporairement la gratuité de ses soins, souvent sans s’en rendre compte.
Depuis une réforme en 2022, l’Assurance maladie a réduit les délais de traitement à environ 15 jours, à condition que le dossier soit complet. Malgré cela, la complexité des démarches reste un frein majeur pour de nombreux assurés. Une vigilance constante s’impose pour éviter les interruptions de prise en charge et préserver un équilibre déjà fragile entre santé et pouvoir d’achat.









